Extrait du journal

bon cheval qui ne bronche : qu'est-ce donc, si l'on peut craindre de voir broncher toute une écurie ? Voici d'abord la question Henri IV, un pauvre sire, auquel le Siècle vient de dire bien brutalement son fait. Je commence par déclarer que je suis de ceux qui con fessent la toute-puissance du Siècle, et j'ai de bonnes raisons pour cela. Je visitais l'an dernier, au mois de juin, un petit hamepu situé dans les Alpes, aux environs du bourg de Goncelin, sur la frontière Est de la France. Le hameau est assis .dans cette plaine luxuriante duGraisiyaudan, que forme l'Isère lorsqu'elle quitte la Savoie jeSMK*os!esrJ^ deux zônes qui semblent n'avoir plus rien de commun entre elles, ni la végétation, ni le climat, ni même la 'race humaine. Sur la rive droite : un sol vivifié par le soleil et torréfié en quelques endroits, des vignes cou rant follement sur le.flanc dénudé des montagnes, des villages bruyants, une nature toujours en fête, une po pulation saine, grande et robuste; sur la rive gauche : des hameaux souffreteux, a demi ensevelis derrière les arbres de haute futaie, peu ou point de soleil, des tor rents et des cascades, un aspect admirable mais triste, des paysans hâves, des paysannes goitreuses. Là, chaque famille a son crétin, qui joue chez ces montagnards dés hérités le rôle des Dieux lares parmi les païens. • Pendant le jour, 1 edieu, accroupi au bord du chemin, y attend, dans une immobilité effrayante a regarder, la charité du voyageur. La nature n'a donné qu'un organe à cette créature inachevée: l'estomac; mais l'instinct du paysan lui a inculqué une passion et presque un Vice : l'amour de l'argent. Voulez vous voir circuler le sang sous le parchemin de son visage couleur de bois,...