Extrait du journal

Quand le soir venait, de grandes ombres se levaient sur les eaux profondes du lac. Elles montaient lentement et semblaient se frôler aux pentes étalées des montagnes. Elles changeaient de forme et de couleur, comme les nuages qui passaient au ciel. Hélène Dusseuil les regardait de sa fenêtre avec une mélancolie, qu'avivait l'heure triste entre toutes qui suitle naufrage du soleil. Que n'avait-elle aussi une âme changeante, une âme inconsistante et fluide comme les nuages et les vapeurs des eaux! Au lieu de cela» elle ,portait avec elle, depuis .-Qu'ejle avait eu conscience de sa personnalité, une vie dure et violente qui ne se pliait à aucune adaptation commune. Elle souffrait de n'avoir à goûter que des demi-joies, des demi-bonheurs; elle aurait voulu être aimée comme elle aimait elle-même, à la façon d'un torrent qui croule, d'un incendie qui flambe vers la nue. Et devant les beautés du paysage romantique elle songeait à l'âpre démon éternel enfermé dans sa poitrine. Et elle avait envie de mourir....