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Le Figaro, 18 décembre 1934

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Le Figaro
18 décembre 1934


Extrait du journal

La Société d'études et d'in formations. économiques vient de réunir des documents sur la question du blé en France qui sont fort instructifs. Ils nous font mieux sentir l'erreur que les pouvoirs publics com mettent trop souvent de vouloir imposer une règle abstraite aux conditions diverses de la nature et de la vie. D'abord, dans un pays de très vieille agriculture et de stabilité rurale comme le nôtre, l'accroissement de la production de blé n'est pas déterminé par l'extension des surfaces emblavées. Lés terres françaises que l'on cultivait en blé étaient plus éten dues il y,a un siècle qu'aujourd'hui. Entre les années 1875 et 1900, elles représen taient un million et demi d'hectares de plus qu'en 1934... Il semble donc vain de vou loir résoudre le problème de la surproduc tion en restreignant la liberté d'ensemencer telles ou telles terres. L'accroissement de la production est lié à l'amélioration des méthodes de culture et à la recherche des bjés dits « à haut ren dement ». Pour des superficies à peu près égales, la France produisit 29 millions et demi de quintaux de blé en 1815 et 83 mil lions et demi en 1934. Nous sommes donc devant un fait de quantité, résultant d'une poursuite de la quantité pour elle-même, motivée parce que la rémunération des récoltes n'a tenu compte précisément que de la quantité. L'excès ,de quantité se corrige, d'après l'économie "classique, par la baisse du prix qui ne laisse survivre que les producteurs les mieux placés. Mais en l'espèce, comme il s'agit d'un problème social, le problème de la vie des paysans, autant que d'un problème économique, la théorie classique ne résout rien. Il faut donc faire interve nir, pour la valeur du produit, une prime à la qualité qui paie l'effort du producteur en le dispensant de poursuivre la quantité. Inutile de .rappeler que la politique sui vie au cours de ces dernières années fut exactement l'inverse : assurer un prix mi nimum au produit quelle que soit sa qua lité et, par conséquent, donner une prime décisive à la quantité, puisque, les frais gé néraux ,„dç, l'exploitation étant maintenus à peu près fixes, tout supplément de quantité augmente la part de bénéfice. C'est le pro cédé bien connù de la production de masse, indifférent au principe de qualité, procédé qui ne comporte pas de limite technique et a plongé le monde dans le chaos ou nous nous débattons depuis quatre ans. Mais en France l'excès de quantité de blé est-il affolant ? Non. La France est un pays de récoltes très variables d'une année à l'autre, et un pays qui se prête mal, sauf dans la région du Nord, au développement indéfini de la culture de quantité. Par con séquent, c'est un pays où une politique agricole de qualité, jointe à une politique d'aménagement des stocks, jouerait effica cement. Ici apparaît le fait des équilibres régio naux, qui est d'une importance particulière pour le bien-être des populations. La région du Nord produit en moyenne plus de 21 quintaux à l'hectare (on cite des terres qui ont produit 60 quintaux à l'hectare), tandis que le Massif Central, le Midi et le Sud-Ouest produisent seulement 11 ou 12 quintaux à l'hectare. La doctrine classique voudrait que disparût la cultlire du blé dans les pays à rendement faible et cher. Mais, dans ces pays, la culture du blé n'existe le plus souvent que pour dispenser Je paysan de l'acheter ou pour compléter d'autres cultures peu rémunératrices. Si on laisse détruire la culture du blé familial ou régional, produit d'appoint dans un équilibre précaire, des millions de paysans demanderont qu'en compensation, la va leur de leur vin ou de leur bétail soit ga rantie et accrue. Primes à la qualité, aménagement des stocks pour la mise en réserve ou l'exporta tion partielle, respect des équilibres régio naux : tout cela suppose le sens politique de la variété, — la variété que Vidal de La Blache disait être le premier caractère de notre pays. ■— et non des règlements abstraits d'uniformité. Lucien Romier....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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