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Le Figaro, 18 octobre 1918

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Le Figaro
18 octobre 1918


Extrait du journal

Le procès Caillaux devant la Haute Cour va nous permettre de suivre la traînée de l'influence allemande dans nôtre pays depuis la déclaration de guerre. Les affaires Bolo et Malvy nous en avaient fait apercevoir déjà quelques détours secrets, mais avec Caillaux nous sommes au centre de la mine. Quel a été son rôle exact? Jusqu'où est-il allé ? Questions oiseuses, puisqu'on est au seuil des débats. Ce qui est certain, ac quis et surabondamment prouvé, c'est que l'Allemagne a compté sur lui pour incliner notre politique intérieure dans le sens d'une capitulation. En avait-elle ou non le. droit ? Cela regarde mainte nant les juges. Malgré de vagues protestations çà et là, il semblera à tout le monde que les circonstances vont donner au procès sa véritable mesure et en dégageront la leçon qu'il comporte. Au cours des quatre années précédentes, la victoire, en effet, était demeurée incertaine. On sentait bien.qu'elle était contenue dans les pro.digieûx efforts des Alliés ; pourtant, à. de certaines heures et, par exemple, lors de là défection russe, on a pu se demander avec angoisse si une pareille tension se rait longtemps supportable. Un fléchisse ment eût été mortel : nôs ennemis l'ont escompté et ont essayé de le persuader chez nous aux cœurs chancelants, par l'intermédiaire d'agents dévoués à leur cause, payés ou séduits. Mais aujourd'hui que l'Allemagne est vaincue, que ses tentatives obscures pour briser le ressort français ont échoué misérablement; aujourd'hui que nous libérons notre sol tout entier et que nous avons l'ardente espérance de voir un jour la terre ennemie foulée par nos soldats ; devant nos cités reconqui ses et qu'il ne reste plus qu'à venger, et dans le frémissement de la victoire, nous avons le devoir de nous retourner vers ceux qui ont douté comme vers ceux qui ont trahi ou cotoyé la trahison et de leur dire : « Voilà ce qu'ont failli nous coûter votre manque de confiance en la patrie, vos lâchetés ou vos crimes ! » C'est l'atmosphère du procès Cail laux. ^ , Alfred Capus, de l'Académie française....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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