Extrait du journal
Pataehou a découvert la rime. On la connais sait f^éjà, me direz-vous. Je ne le nie guère ; ma^s, lorsque Christophe Colomb découvrit un nouveau continent, pensez-vous que l'on ne connaissait pas déjà l'Amérique ? Je ne veux point parler des navigateurs bretons, ou de Capbreton, ou d'ailleurs, qui avaient pu passer les flots avant le Génois, mais tout simplement des gens qui, de père en fils, depuis la nuit des temps, habitaient l'Amérique. La poésie est une autre Amérique, où Co lomb Pataehou vient de mettre le pied. Comme je lui lisais la Cigale et la Fourmi, il a remar qué des sons qui revenaient et que si la fourmi n'était pas prêteuse, la cigale était emprunteuse. Il répète : Teuse, tetise... Il me regarde. Il est fort étonné ; puis : — C'est comme dans les chansons... Il avait entendu bien des chansons que l'on fredonnait naguère encore pour l'endormir : C'est la poule noire, Qui est dans l'armoire, et la poule verte, qui courait dans l'herbe, et la poule blanche, qui est dans la grange, et toutes les autres poules, qui sont de toutes les couleurs, et que l'on rencontre dans les endroits les plus étonnants —'poule violette... dans la boîte aux lettre i, — mais il était bercé par la musique ou la musiquette et n'avait pas démêlé que, de temps en temps, certains mots se saluaient entre eux en enlevant le même chapeau. — Il en a de la chance, ce Monsieur La Fontaine ! me dit-il. Suppose qu'on n'entende les cigales qu'en hiver ; il aurait dû dire : La cigale ayant chanté Tout l'hiver. Cela n'aurait pas du tout marché. — Oui, Pataehou, les poètes sont bien heureux que les cigales chantent en été ; sinon ils devraient composer des vers affreux, comme ceux-ci : Une cigale ayant chanté Dans la saison neigeuse où l'on pleure l'été... Ne t'y trompe pas : il est beaucoup de vers qu'on a faits de la sorte, et qui ne valent rien. — « Que fais-tu, Pataehou ? » Il est au fond du jardin ! il est tourné vers la maison et, de temps en temps, il pousse un petit cri. Il écoute ; puis il rit. — Je fais le poète ! me répond-il. Cela n'est pas bien difficile. Dès que j'ai dit un mot, on me donne la rime. Mais il faut crier assez fort. — C'est l'écho, Pataehou. — Eh ! bien, l'écho, c'est la poésie. — Tu ne crois pas si bien dire, Pataehou ; et, sans le savoir, tu parles par figure. Nous sommes sortis, et voici que dans la rue, il tombe en arrêt Rêvant une boutique. — C'est la maison d'un poète ! Des vers ! s'écriet-il. — Peste ! Toute une strophe !... Et Pa taehou lit : Pâtisserie Confiserie Vins Fins. Tristan Derème....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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