Extrait du journal

L'affaire de Bulgarie a un pendant dans la question Coquelin, qui n'occupe pas.seulement les feuilles spéciales des théâtres, mais encore la presse dite grave. Coquelin ne se galvaude pas; il publie ses manifestes dans le Temps qui a l'oreille des ministres et qui passe pour recevoir leurs confidences. Coquelin nous a donc fait connaître sa résolution définitive : il quittera la Comédie et il encaissera tout l'argent et toutes les pensions auxquels il juge avoir droit. 'Le Théâtre-Français se défendra, les tribunaux jugeront; nous n'avons pas à intervenir dans les questions d'argent ; ceci est du domaine des huissiers et non du nôtre. Au-dessus de ces contestations purement commerciales, il y a des considérations essentiellement artistiques qui nous intéressent tous. Quand le public a applaudi un artiste pendant vingt-cinq ans, il est bien en droit de se demander si le comédien, danstout l'éclat de son talent, ne lui doit rien à son tour? Il faut craindre d'irriter Paris par le sans-gêne avec lequel on affecte de se passer de lui? Coquelin affirme qu'il est quitte envers la Comédie, quand, après avoir contribué pendant vingt-cinq ans à son éclat, il abandonne le théâtre de ses succès. Personne ne niera que Coquelin a été l'un des collaborateurs les plus actifs de la Comédie; nous ne nierons pas davantage qu'il a souvent jeté sur la maison l'éclat dont il se vante. Nul ne songeant à diminuer les services rendus par Coquelin, il a peut-être tort de s'en targuer si ouvertement. On aime à trouver un peu de modestie, même chez le génie. Ceci peut être un préjugé, c'est possible; maisquelque talent qu'onaitil n'est pas défendu d'être mesuré dans l'éloge de soi-même. Enfin 1...