Extrait du journal

Décidément, les lumières qu'un ministre un peu trop ambitieux se flattait d'avoir éteintes dans le ciel sont plus resplendissantes que jamais. Il aurait suffi pour s'en rendre compte — mais nous doutons que nos gouvernants s'y soient résolus — de s'en aller, durant cette semaine sainte,-faire un tout dans les églises qui, en aucun temps, ne virent une telie affluence de fidèles. C'est, du reste, un fait bien connu qu'à toutes les époques, les per sécutions ou, simplement, les vexations n'ont fait que provoquer un redoublement de foi. Nous sommes un pays épris avant tout de liberté, et il suffit qu'on veuille ou que même on ait l'air de vouloir porter atteinte aux croyances pour que, immédiatement, les gens les moins pratiquants, d'ordinaire, manifestent leurs sentiments religieux au moins autant par sincérité personnelle que comme protes tation contre toute politique de violence et de sectarisme. C'est une pierre de touche à la quelle, en aucun temps, on n'a pu se tromper. 11 y avait donc, dans l'éclat si recueilli qui a.entouré, cette année, les cérémonies delà semaine sainte, un rapport très direct avec les événements du jour, un besoin d'affirmer que la loi de séparation n'avait fait que ren dre plus sacrés les devoirs des chrétiens envers l'Eglise. Mais il faut dire aussi que de toutes les fêtes religieuses, il n'en est pas qui aient à la fois un tel caractère de grandeur et de mélancolie. Depuis le charmant dimanche des Rameaux jusqu'au jour glorieux de Pâques, chaque journée est comme empreinte de la plus poétique et touchante piété. Avec Noël, si rempli de séduction pour les petits enfants, Pâques est la fête la plus populaire de l'E glise, et c'est dans les villages, dans les hum...