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Le Figaro, 19 juillet 1885

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Le Figaro
19 juillet 1885


Extrait du journal

Certes, on ne me suspectera pas de vouloir manquer de respect à la grande mémoire de Victor Hugo. Je vénérais l'homme autant que j'admire l'écrivain, et c'est peut-être pour cela que je ne vois pas sans quelque chagrin l'introduction du poète dans les feux d'artifice. La Ville de Paris n'a pas eu la primeur de cette innovation. Huit jours avant que nos artificiers procédassent à une apothéose supplémentaire de VictorHugo, Enghienles-Bains s'était déjà offert le mêmç divertissement à l'occasion du couronnement de sa rosière. Vers dix heures, après la pétarade ordinaire des fusées, bombes et autres, préliminaires, on, mit enfin le feu à la pièce de résistance. Voici comment cela se passait. A travers les ténèbres on vit jaillir une étincelle, puis un soleil commençait à tourner, lentement d'abord, plus vite ensuite; maintenant une traînée de feu courait le long des échafaudages ; peu à peu je distinguais des lauriers verts ; puis deux paires d'ailes, appartenant à des génies qui balançaient la guirlande de l'immortalité, se dessinaient à travers la nuit ; puis apparaissaient les génies mêmes et enfin, entre eux deux, les traits de Victor Hugo se montraient lumineux à travers l'espace. Ce furent dans la foule des oh ! et des ah 1 variés. Les indigènes d'Enghien semblaient éblouis par le spectacle, tandis que les Parisiens endimanchés commençaient à blaguer, c'est le mot. On ne comprenait pas ce que l'image du grand poète venait faire dans une fête où jusqu'alors le capitaine, des pompiers avait tenu le principal rôle à côté de la rosière. L'apparition de. Victor Hugo sur le lac d'Enghien,. à l'heure où l'on s'y attendait le moins, répandit, j'ose le dire, une certaine stupéfaction dans le public. La rosière, charmée et émue, se pencha vers un personnage officiel, un adjoint ou un membre du conseil municipal, et lui demanda: - _ Est-ce que c'est le portrait du monsieur ^qui a fondé le prix pour la rosière?...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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