Extrait du journal

J'ai pour nos lecteurs recueilli Hier à la fête de Neuilly Les propos d'un pitre vieilli Parmi les parades sans nombre. C'est un homme grave, charmanty , Qui jamais ne blague ni ment Eu dehors de son boniment... 11 me confia d'un air sombre : « Le cher métier où je me plus, Longtemps prospère,- ne va plus Et nos- efforts sont superflus. Malgré notre noble endurance, Paris démeut, bruyant, fêtard, Aimant le clinquant, le pétard, Nous écrasera tôt. ou-tard Sous le poids de la concurrence. Sur vos boulevards, s'il te plaît, .N'estece pas la. foire au complet? Là le promeneur se complaît Aux cent spectacles qu'il désire : En-des décors non sans beautés, Les magasins de nouveautés Lui exhibent de tous côtés, Gratis, des ligures de cire. Sur nos usages se réglant, Le soir, le ciné, le beuglaut Ont un éclairage aveuglant Et terriblement polychrome. Le flâneur, faisant les cent pas Sur ces trottoirs si pleins d'appâts, A nos attraits 11e songe pas, Et déserte notre royaume. D'ailleurs je comprends qu'il soit las De contempler les pugilats Des lutteurs en maillots lilas. A quoi bon hanter leurs baraques, Quand le gai spectacle'l'attend, En pleine rue, à chaque instant, De" politiciens luttant A coups de poings ou de matraques ?... En plein air ; pour rien (quel bénéf !) .11 entendra par T. S. F. Les plus joyeux vacarmes!.;. — Bref, Je te l'affirme, camarade, Paris en, (Cet âge pervers Ressemblé au Manoir à l'Envers!... Tu peux le répéter en vers; Moi, je vais faire ma parade. » Hugues Delorme....