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Le Figaro, 19 octobre 1919

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Le Figaro
19 octobre 1919


Extrait du journal

Nousavons eu quinze cent mille morts. .Ëtc'estd abord Ténormité du chiffre qui fait horreur. Mais. pour évaluer la perte immense que le pays a dû consentir, il faudrait avoir connu chacun de ces morts, savoir ce. qu'était l'âme de chacun .d'eux, ses puissances d'activité qui allaient se révéler bientôt, ses grâces qui n'ont pu charmer qu'un petit groupe de parents et d'amis, son individualité précieuse et qui est maintenant perdue. Quelques-uns de nos morts ont laissé le témoignage. de ce qu'ils valaient et ils ont leur juste récompense de gloire. Seulementquelques-uns les autres sont promis à l'oubli et, pour ce qui est d'icibas, mourront une seconda fois lorsque mourront à leur tour ceux qui, les ayant aimés, gardent encore leur souvenir. On voudrait en sauver davantage et prolonger une mémoire plus nombreuse. Il y avait, et qui ne cherchait pas à 'faire du bruit en ce monde, un gentilhomme lettré, ami de tous les arts, plus ami de la musique et de la' poésie, le comte Charles d'Ollone. Il voyageait, ou bien il résidait en son pays d'Anjou. Il visitait en connaisseur les musées d'Europe, les paysages célèbres de France, d'Italie ou d'Ecosse, puis revenait à la maison et, par le rêve, continuait sa belle promenade. Il a publié quelques volumes de vers et deux romans, qui ne lui ontpas donné ce qu'il ne désirait pas, 'la'grande renommée d'un auteur: on les a peu lus, ou peut-être avec négligence. Veuillez les lire ou les relire, à présent que la mort vous avertit de ne pas refuser une dernière attention. Le comte d'Ollone eut sa prime jeunesse dans l'armée; il fut, comme on dit, un brillant officier de cuirassiers. Puis, à l'époque où l'on ne voyait pas venir la guerre, il se retira. Dès la déylaration de guerre, il reprit du service. Il a servi trois ans sur le front de France, payant de sa personne, endurant tous les périls à merveille, endurant plus qu'il ne le pouvait la fatigue. On l'envoya en Italie, où il lutta sans ménagement contre la maladie, jusqu'à ce qu'on dût le condamner à quelque repos et enfin le ramener à Angers peu de jours après, il y mourait, il achevait d'y mourir pour la France....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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