Extrait du journal

La Providence se montre généreuse pour la France ; elle lui accorde une moisson splendide. Les greniers sont devenus trop étroits ; les glaneuses sont sur les dents. 11 va sans dire que les paysans dissimulent avec soin leur satisfaction -, ils sont bien trop habiles pour manifester de la joie ou de la reconnaissance ; aux niais qui s'avisent de féliciter Jacques Bonhomme sur les résultats de la ré colte, celui-ci répond d'un air sombre : — Du blé 1 du blé ! j'en avons, c'est vrai ; mais j'n'aurons point de paille. La Providence ne fait rien à demi ; les avoines souf fraient de la chaleur, les avoines avaient soif, et Jacques Bonhomme se plaignait ; mais voilà la pluie qui survient, et les avoines sont sauvées ; Jacques Bonhomme fronce le sourcil : — Ah ! ben, j'aurons de l'aveine à c't'heure, — dit-il, — mais avec tout ça, j'en ons manqué, il y a trois ans. Heureux les Parisiens ! la question du blé et la question des avoines ne les préoccupent que médiocrement ; ils ne sont pas éloignés de croire que le blé vient chez les bou langers sous la forme de pains de quatre livres, et que l'avoine pousse chez les grainetiers ; cela leur suffit. Le bonheur des Parisiens se compose, en général, de toutes les choses qu'ils ignorent....