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Le Figaro, 20 janvier 1933

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Le Figaro
20 janvier 1933


Extrait du journal

De nouveaux restaurants, de nouveaux cafés s'ouvrent constamment aux Champs-Elysées. On en est un peu surpris, par ce temps de crise. Mais ils répondent à un des principaux désirs de nos contemporains, qui est de ne pas rester chez soi. Jamais on n'est tant allé 3?ers les foules, vers les lumières qui sont distri buées à profusion et, je dois dire, avec un art tout nouveau. C'est, d'abord, une véritable fête lumineuse qui est donnée, chaque soir, dans Paris. Avec les invitations au voyage qui s'al lument sur les toits, la nuit ouvre plus d'hori zons que ne fait le jour. Des réclames brillent sous des feux de couleur comme des oiseaux au riche plumage et venus de loin. Quelle sur prise de retrouver, au sortir des Champs-Ely sées ou des boulevards, parfois tout près, une rue presque provinciale avec ses réverbères plus modestes et les clartés qui filtrent au travers de quelques persiennes. L'ombre et le silence se confondent dans l'étonnement conjugué de l'œil et de l'oreille. Mais la lumière est deve nue comme un vêtement qui nous manque aussitôt. On frissonne un peu. On est un peu gêné comme si, tout à coup, l'on se voyait mieux lorsqu'il fait moins clair. Et, pour se fuir, on revient aux devantures illuminées, on se noie dans la nappe éclatante répandue sur les avenues. Cette lumière nouvelle a changé les mœurs. Il semble que son intensité augmënte en nous et autour de nous le courant de la vie. Dans la lumière ainsi prodiguée, on a presque l'illu sion d'agir comme on a quelquefois celle dé travailler lorsqu'on cause. Et puis, surtout, il y a un plaisir, plaisir tout autre que celui de la pensée, à répondre par je ne sais quoi qui monte alors de nous, à tout l'éclat qui nous environne. Sait-on aussi ce qui se partage entre tous ceux, toutes celles qui peuplent la salle brillante d'un restaurant ou d'un café ? Peutêtre se forme-t-il entre eux des liens pareils à ceux qui unissent des abeilles, des fourmis. Les sentiments humains, comme la sympathie, ; par exemple, ne sont pas nécessaires. Mais, en France, le goût de la société n'était-il pas le contraire même du goût de la foule ?: Il fallait que les salons fussent un peu fermés ; pour qu'on eût plaisir à s'y voir admis. On j aimait choisir ou qu'on vous eût choisi. De, petits cercles «resteront sans doute, où il y '' aura encore, au moins moralement, comme jj l'étroite clarté d'une lampe. Mais ils* He feront s plus étoile comme autrefois. Des initiés seuls les connaîtront. Ils seront les sanctuaires dis crets consacrés à des dieux qui s'en vont et que l'on aimait. Georges de Lauris....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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