Extrait du journal

Les 'Corbeaux On a donné ces jours-ci,aux environs de Paris, dans une banlieue, que j'ai promis de ne pas désigner, une matinée en faveur d'un pauvre diable pris brusquement de démence. Par un phénomène rare, tous les concours promis sur l'affiche ont* été des réalités. Enfin, pensait-on, cet infortuné serait assuré de soins et de calme, et dans son coin de folie il connaîtrait quelque douceur encore. Mais le bien, parait-il, ne se fait pas avec cette aisance : un huissier s'est présenté à l'issue de cette intime re présentation, .et a mis sa patte sur la re cette. N'est-elle pas macabre cette interven tion du créancier en pleine charité ? Qu'il opère sur le travail sfcit encore, quoiqu'il y ait beaucoup à dire au sujet d'une telle tyrannie ; mais cette saisie sur la douleur, la maladie, la folie d'un pauvre .être écroulé, déconcertera tous ceux qui coriservent quelque vestige de cœur et de respect humain. Gobseck était un bienfai teur et Shylock avec sa livre de chair un ange, auprès de cet inconnu .qui voudrait se faire payer sur le cerveau en bouillie. Cet inconnu, — un bon père de famille peut-être, et qui donnera la forte dot à sa fille? Ah ! la férocité de l'argent

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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