Extrait du journal

On restaure depuis plusieurs semaines le dôme du Petit Palais. On a redoré la grille de la grande porte. A l'intérieur, M. Albert Besnard fait maroufler sur la coupole ses belles toiles que nous admi râmes aux Salons des trois dernières an nées. Enfin, il est question de mettre des statues dans les dix-huit niches vides, depuis l'Exposition de 1900, qui entourent cet édifice. Mais personne ne songe à régler l'hor loge qui fait face à la place de la Con corde et qui, depuis dix ans, marque tou jours six heures-moins dix. Peut-être se souvient-on qu'un Améri cain facétieux et qui connaît bien notre administration avait fait le pari — un très gros pari — que cette horloge ne serait pas réglée avant 1910. 11 a gagné son pari. Il peut sans crainte le renou veler pour une autre période de dix années. Les élections de dimanche, que la grande majorité des citoyens paraît attendre avec calme, peut-être même avec une certaine insouciance, ont jeté le trouble, au contraire, dans le monde ordinairement si paisible des pêcheurs à la ligne. Ceux-ci, en effet, avaient fixé à ce dimanche 24 avril le congrès de toutes leurs fédérations et associations de, France. Impossible pour les délégués des départements éloignés de Paris de voter chez eux et de venir ici le même jour assister au congrès. Les pêcheurs à la ligne n'ont pas voulu qu'on pût les accuser de la moin dre atteinte- au « droit le plus sacré du citoyen » et ils viennent de décider que leur congrès n'aurait lieu que pendant les cinq derniers jours de mai. Les pêcheurs à la ligne ne sont pas des révolutionnaires....