Extrait du journal

Nous savons ce que vaut une déclaration ministérielle émanant d'un cabinet composé comme celui de M. Steeg, aussi ne nous y sommes-nous guère attardés. II y a cependant une question sur laquelle il n'est pas permis de faire le silence : celle de la sécurité nationale. La déclaration ministérielle ne nous donne à ce propos aucun « apaisement ». Nous assistons en spectateurs désintéressés à l'immense effort de l'Allemagne, effort diplomatique qui tend à isoler la France, à lui susciter jusque sur ses frontières des Alpés et des Pyrénées de graves embarras, effort militaire qui a fait de la Reicliswéhr un instrument de guerre déjà redoutable et qui menace de le devenir bien davantage, tandis que l'expérience nous démontre que nos lois militaires, qui réduisent le service à un an, ne nous donnent point une aimée capable d'as surer notre sécurité .' Le service d'un an se révèle à l'usage, comme toute&.les mesures démagogiques, extrêmement dispendieux. Il est pour nos finances une charge ruineuse. Cependant il ne nous assure point la couverture nécessaire pour une mobilisation rapide, et qui pis est, il ne nous donne pas de vrais soldats. Il n'est pas besoin d'être un grand technicien militaire pour savoir comment et par qui se forme un soldat. Bien plus encore que les chefs, ce sont les anciens qui dressent les conscrits. Avec le service d'un an il n'y a plus que des conscrits. Ce qu'il y a de bien piquant c'est que toutes ces objections au service à court terme ont été apportées il y a dix-sept ans à la Chambre des députés par l'actuel détenteur du portefeuille de la guerre. Le 26 mars 1913, le Figaro publiait une spirituelle caricature de Sem représentant M. Barthou à la tribune, tenant à la main le masque de Mirabeau, dont il venait d'écrire une biographie, et s'écriant : « Nous sommes ici pour la force des baïonnettes. » En effet, la veille, M. Barthou, nouveau président du con seil, avait lu devant la Chambre la déclaration de son cabinet qui commençait ainsi : « Aucune préoccupation ne domine à nos yeux la néces sité d'assurer la défense nationale par des me sures indispensables et urgenies. ». et la pre mière de ces mesures était un projet de loi « portant à trois ans la durée du service égal pour tous »... La gauche

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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