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Le Figaro, 21 janvier 1855

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Le Figaro
21 janvier 1855


Extrait du journal

nnette, pour faire jouer la chevillette, que quand vous avez ajouté s'il vous plaît. Le portier fiscal est celui qui prélève un tribut plus ou moins volontaire sur le locataire rentrant après mi nuit. — Je ne connais q-u'un exemple de. représailles l exercées sur le portier fiscal. — Cette gloire revient à I un rapin qui s'étant attardé dans les études qu'il faisait, d'après nature, sur la Lorrette, rentrait au domicile bien après minuit, par une belle gelée : — le portier se leva et, à travers la porte close, fit la déclaration sui vante: «Monsieur, l'heure du cordon est passée, — » j'ouvre à la clef. — c'est cinq francs. » Le rapin essaya bien de parlementer, d'attendrir le portier, d'obtenir un rabais; — le portier menaçait de se recoucher. — Le rapin, vaincu par la bise, passa sous la porte les cinq francs demandés; — le portier ouvrit. — Mais ici la scène changea : — le rapin, étant jeune et vigoureux, fit pivoter sur lui-même le portier moins solide.—Le résultat de cette évolution fut de mettre le portier dehors et le rapin dedans. — « Monsieur Gustave, dit le portier, — c'est très » bête.—Je suis en chemise, — le thermomètre de » l'ingénieur Chevalier marque 16 degrés;—je vous » assure que je suis très mal. — Ouvrez-moi. — » Mon ami, répliqua le rapin, vous connaissez la » règle de la maison...—L'heure du cordon est passée, » j'ouvre à la clef, — c'est dix francs. — » Mais, mon bon monsieur Gustave, où voulez» vous que je prenne dix francs? Dans'le costume où » je suis, je n'ai pas de monnaie sur moi. — » Eh bien, repassez-moi toujours les cinq francs » que je vous ai passés tout à l'heure ; — je vous fais » crédit de cent sous. » Voilà comment le rapin retira sa pièce de cinq francs des griffes du portier fiscal. Je sais bien que tout cela n'explique pas comment le rapin possédait cinq francs; — lûais si on s'arrêtait,à de pareils scrupules, il n'y aurait pas d'histoires possibles. J'ai connu le portier majestueux : — c'était un homme de soixante ans, hermétiquement enfermé dans une loge tapissée, raide comme un pape dans un grand fauteuii à la Voltaire; — signes particuliers : — calotte en tapisserie, pantouffles en moquettes,— un gigot devant le feu. - Quand on demandait le cordon, le portier majestueux appelait sa domestique : — « Ca» therine, — eh bien, voyons, ma fille, vous n'entendez « donc pas : on demande le cordon. — (Au patient.) ». Elle va,descendre, monsieur... elle descend. »—Mais. de sa personue, le portier majestueux ne se dérangeait jamais. —Le propriétaire de la maison était un ancien générai, —le portier était son ancien brosseur.-rQuand on portait plainte au propriétaire contre Je portier, le...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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