Extrait du journal

Mme de Starnières, veuve d'un magistrat de l'Empire, a une fille unique, âgée de dix-neuf ans, appelée Ida. Elle mène en province, depuis son veuvage, une existence retirée et modeste, car elle a très peu de fortune. Appartenant à une famille de vieille noblesse provençale, Mme de Sternière conserve religieusement au fond du cœur le culte de toutes les fiertés et de toutes les aristocraties d'autrefois. Elle n'admet ni les « nouvelles couches » ni les classes nouvelles; et, catholique fervente, exaltée, elle a élevé sa fille sévèrement, dans les principes et, comme on dit aujourd'hui, les « préjugés » les plus rigides. A la voir partager l'éducation d'Ida entre l'Eglise, les couvents, la visite des malades, les bonnes oeuvres, on croirait vraiment que la femme de l'ancien président a définitivement voué son enfant, dès sa jeunesse, aux immolations du cloître, à la vie monacale, inexorable et définitive....