Extrait du journal

La Vie en Autocars Un autocar ramenait de Fontainebleau des touristes espagnols auxquels un change favo rable procura ces loisirs. 'Collision avec une auto particulière. Les voyageurs de la grosse voiture ont été les moins maltraités. Ainsi l'économie et la prudence conseillent à la fois l'emploi des autocars. Ils se sont multipliés. L'usage d'un moteur personnel n'est pas à la disposition de tous. Il faut bien se réunir dès que l'on veut se déplacer. Les samedis, à la porte des mairies, de véritables wagons-salons tendus et fleuris de blanc attendent les nouveaux époux et leur parenté. Des voitures du même genre, mais découvertes, promènent dans Paris nos visiteurs moyens qui écoutent les explications d'un spea ker dont la police devrait bien contrôler les propos. Mais c'est surtout pour emmener vers les hippodromes ou les stades les amateurs de courses ou de matches sensationnels que d'in nombrables autocars ont été construits. Vers une heure de l'après-midi, ils tournent, malgré les objurgations des agents préposés à la circulation, autour de la place Clichy ou de la gare Saint-Lazare, qui sont les principaux centres de départ. Les receveurs, en équilibre peu stable sur les marchepieds, appellent, d'une voix souvent enrouée, la clientèle. Parmi eux, des receveuses, dont quelques-unes sont d'une rotondité qui inspire des craintes sur leur agilité. iCes professions nouvelles qui sentent un peu la bohème, se recrutent facilement à Paris. Sur les banquettes, on se serre, ce qui est jla seule manière possible de s'installer. Du bras !qui reste libre, on déploie des journaux de sport et l'on cause, car l'usage de l'autocar développe l'esprit de sociabilité. Par contre, l'habitude du- jeu rend les malchanceux irri tables, et parfois des discussions s'élèvent, qui se calment dans cette atmosphère de bon sens particulier aux réunions de gens qui, ne sont pas assez nombreux pour devenir une foule. Il n'est pas rare, au retour des grandes jour nées de Longchamp et d'Auteuil, de voir quel ques-unes de ces voitures' surchargées s'ar rêter au rond-point des Champs-Elysées ou place de la Concorde pour laisser descendre des membres des grands cercles parisiens que la démocratie triomphante condamne au transport en commun Pierre Soulaine....