Extrait du journal
ces, rumeurs ne couyrent pas, là-bas, dans les garnisons ; tranquilles, le bruit des tambours et des trompettes. Elles n'empêchent pas nos officiers de tra vailler, et nos petits soldats de leur obéir. Elles n'entament pas un seul anneau de la grande chaîne de solidarité, de cordiale bienveillance et d'affectueux respect qui, du petit au grand, unit tous ces fils de France, tous ces en fants d'une unique famille. Ici, nous nous jetons fiévreusement sur les nou velles ; nous dévorons les journaux sitôt parus, nous y trouvons un élément, à nos polémiques et à nos querelles. Allez donc voir, pendant ce temps, ce que font nos soldats sur les Alpes et sur les Vosges ! Allez donc admirer notre armée là où il faut l'admirer, dans les petites garnisons obscures ou dans les coins perdus de montagne et de plaine, là où nos officiers donnent à la patrie, en attendant qu'ils lui donnent leur sang, le meilleur de leur jeunesse, de leur temps, de leur vie ! Il faut avoir vu de près, pour les apprécier, ces existences toutes de devoir et de travail, dans la monotonie des longues journées toujours pareilles. Il faut se représenter^ cette heure, tandis que toutes nos cervelles sont aux champs, ces braves gens que rien ne détourne de leur labeur, qui, fraternellement réunis dans leurs mess, tians leurs cer cles, dansleurs réunions, continuent leur vie de dévouement, dediscipline et d'ab négation, marquant chaque jour par un ' nouveau progrès, travaillant encore et travaillant toujours, jusqu'au moment impatiemment attendu où ils pourront, aller se faire casser la tête et verser allè grement, pour leur pays, le sang le plus pur de leurs veines 1 Le pays le sait bien, et, par avance, il les en remercie. Son regard attendri les accompagne, et il n'est si petit coin de France où l'armée ne soit une source de joie, un objet d'affection et de respect. Je revois encore, dans la ville où je suis né, au bord de la mer, sur la place grandement ensoleillée, les vieux et les jeunes groupés en rond à l'heure de l'exercice. Le spectacle n'était pas nou veau, et tous les jours, cependant, il attirait le même monde d'écoliers s'échappant de l'école pour venir em boîter le pas aux soldats, voir de près les baïonnettes en faisceaux, bien relui santes, tandis que, sur les bancs, au soleil, les bons vieux, comme dans le chœur de Faust, se remémoraient les batailles anciennes. • Ce tableau, qui devient du délire quand passe une musique militaire, on le voit encore chaque jour dans toutes nos petites villes de garnison, partout où le peuple et l'armée se trouvent en contact plus étroit.' L'armée se sait aimée, entourée et respectée. Qui donc voudrait se donner le ridicule de défendre ceux par qui c'est à nous d'être défendus ? Qui donc, en insistant pour les mettre hors de cause, pourrait laisser croire qu'ils ont besoin de pareilles attestations ? Que leur importe ce qui sa passe ? En quoi ces agitations les touchent-elles ? Je parlais tout, à l'heure des Vosgiens et des Alpins, parce qu'ils sont à la fron tière, les plus éloignés de nos yeux, et les plus près de nos cœurs. Us ont vu très souvent, dans la mon tagne, tomber une averse* passagère ; c'est "une bourrasque d'un instant, sitôt finie avant même d'avoir touché terré, et par delà les nuages amoncelés, tout en haut, dans un ciel plus clair, le soleil n'a pas cessé de briller !... Le Passant....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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