Extrait du journal

Nos musées de province contiennent bien des richesses trop peu connues. Le visiteur qui les traverse en consultant sa montre pour ne pas manquer l'heure du train ne sait pas découvrir le trésor régional qui leur donne tout leur prix. Il heurte des plâtres, de mauvaises copies de grands maîtres et s'irrite: de ne rencontrer qu'imitation et banalité, quand, avec plus de soin, il finirait par trouver, dans" quelque salle obscure, et parmi d'inutiles collections, le vieux saint de bois, le tableau de primitif, le chef-d'oeuvre de ferronnerie, ou même les anciens costumes, les ornements ingénus qui demeurent les témoins des jours passés et les interprètes . de la sensibilité d'autrefois. Il est vrai que nos musées deprovince, plus encore que ceux de Paris, ignorent que l'ordre est un des éléments de la beauté, et d'âil' leurs»plus fiers de.refléter la vie universelle qu'une humble vie locale, ils nous offrent aux bonnes places,, sans pouvoir lé.ressusciter le domaine public de l'homme et de la nature, et dissimulent sévèrement la spécialité du pays, la tradition particulière, c'est-à-dire ce qui risque de contenir encore réellement une parcelle vivante,- le petit coquillage où l'on entend tout le bruit de la mer....