Extrait du journal

Le voyageur, en chaque saison, trouve son plaisir : l'été, il connaît les pays dans la lourde et franche abondance de ce qu'ils produisent; au printemps, il voit tout dans, un frisson d'espérance ; l'hiver, il saisît plus nettement le caractère propre des villes, quand elles sont comme des sceaux mis par l'homme sur les pages nues de la campagne ; peutêtre, cependant, convient-il mieux encore de voyager à l'automne. On dirait que cette saison, délivrant les choses de leur poids matériel, rappelle à leur surface une àme plus subtile et plus transparente. Lès vieilles cités, les monuments ne semblent jamais plus près de livrer leur secret que lorsqu'ils sont éclairés par la lumière attendrie d'octobre. Mais si l'automne prête àdes lieux ordinaires un aspect plus délicat, comment n'exercerait-il pas mieux son prestige sur cette Toscane qui, plus que toute autre terre, semble dotée d'un caractère idéal? Sur des collines d'un sol marron, les oliviers répandent partout la douce influence de leur feuillage', tandis que des cyprès, jaillissant d'au milieu d'eux, s'élèvent comme des prières pour tout ce travail. On aperçoit au loin, où qu'on se tourne, ces collines gracieuses et fermes, qui ressemblent à desgroupes de jeunes filles et qui, comme une corde de soie et d'or qu'elles ne laissent jamais retomber, se passent de l'une à l'autre la ligne bleuâtre de l'horizon....