PRÉCÉDENT

Le Figaro, 21 octobre 1928

SUIVANT

URL invalide

Le Figaro
21 octobre 1928


Extrait du journal

Certaines expériences de «film parlant» qui viennent d'être faites à Paris ont été tout à fait réussies. Le synchronisme obtenu entre la projection et la parole serait, au dire de certains techniciens, rigoureusement parfait. C'est donc un progrès considérable et il n'est pas douteux que l'art dramatique et musical en tireront, à bref délai, un parti considérable. Beaucoup de gens, en effet; boudaient le cinéma parce qu'ils trouvaient de peu d'intérêt cette agitation de personnages privés du plus puis sant moyen d'agir sur l'esprit et les sens, la parole. Peut-être même fallait-il voir là une des causes principales de la faveur tempérée dont l'écran jouit auprès d'un grand nombre de per sonnes. Nous sommes Latins et nous aimons le verbe. Les tirades bien rythmées nous plaisent toujours. Si éloquemment qu'il développe sa thèse, M. Baty ne parviendra pas, je crois, à nous faire partager son dédain pour « sire le Mot » et à nous persuader que le silence doit régner au théâtre. Inversement, les amateurs de T. S. F. ou de phonographe regrettaient souvent de ne pouvoir admirer la chanteuse ou le pianiste qui les charmaient. Désormais, tout le monde sera content. Hélas, une si belle invention n'ira pas — c'était fatal — sans quelques inconvénients. Un de nos confrères indiquait hier que le film parlant « serait un instrument électoral de pre mier ordre » et qu'il doit transformer l'élo quence politique. Tant pis ! En fait de poli tique, le salut et le sourire de M. Doumergue dans les « Actualités » nous suffisaient {avec trois mesures de Marseillaise., à l'orchestre). S'il faut maintenant entendre les discours pro noncés à la Société des Nations, aux inaugura tions et, qui sait, à la Chambre — car on filmera les grandes séances, ce n'est que partie remise, — nous nous prendrons à regretter les cow-boys qui sautent à cheval du train en marche avec leur fiancée en croupe. Qu'on nous épargne cette prolifération ora toire t Qu'on ne gâte pas nos plaisirs innocents ! Il est vrai — et ce serait un dédommage ment — que certains de ces films se range raient d'emblée parmi les filins comiques. Ainsi le parti radical, à Favant-garde, comme on dit, du progrès, voudra sans doute être le premier à utiliser le film parlant. Et l'on peut penser que le congrès d'Angers fournira quelques « bandes » fort propres à divertir. Roger Dardenne. EN CINQUIEME PAGE : LA VIE COLONIALE...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

En savoir plus
Données de classification
  • jobbé duval
  • winston churchill
  • poincaré
  • patachou
  • françois coty
  • frantz-reichel
  • ferdinand bac
  • doumergue
  • beaumarchais
  • presse
  • paris
  • france
  • allemagne
  • marseille
  • alger
  • amsterdam
  • dawes
  • angers
  • amérique
  • varsovie
  • enfants de france
  • comité olympique français
  • parti radical
  • société des nations
  • lenôtre
  • union
  • comité national des sports
  • académie française