Extrait du journal

On sait que cet artiste s'était lassé d'une jeunesse sempiternelle qui tournait à la perpétuité. Il était menacé de danser lui-même à son propre centenaire. On ne lui faisait plus que des rôles où il tirait à la conscription. Enfin il s'était décidé à vieillir. Vieillir, au théâtre, c'est laisser la place aux autres. Après avoir inutilisé sous lui six générations de jeunes premiers et avoir vu passer aux Géronle des Valère qui avaient dix-huit ans lorsqu'il en avait soixante, il craignit, à bon droit, d'être j appelé le Chevreul de l'amour. On le décora et il fit trêve à son talent. Et le Conservatoire respira. Les Valère disaient aux Isabelle : - Enfin, nous allons donc pouvoir jouer les rôles de notre âge! Nous incarnerons la Jeunesse, la Folie, la Passion, au lieu d'incarner les vieux huissiers, les avares, les procureurs et tous les birbes chenus du répertoire 1 Delaunay lâche le crachoir....