Extrait du journal

et voici le résultat d® ses observations et remarques: Les premiers venus, au moment de l'ouverture, grimpent quatre à quatre et s'éparpillent dans les salons comme des gens dont le but est nettement dé fini. Chacun court au tableau qu'il veut voir ou revoir à son aise. Cette première fournée dure une heure. Puis, le ralentissement se manifeste ; la seconde " série gravit lentement les marches; elle se compose d'amateurs encore, mais d'amateurs aisés qui ont le temps et qui comptent déjeuner au Palais. Entre midi et une heure, nouvelle édi tion de gens pressés : ce sont générale ment des employés qui profitent d'une heure de liberté. Vers deux heures, commence le défilé du monde élégant, les oisifs et les bla sés, qui mettent dix minutes à monter et qui arrivent en soufflant. A trois heures, invasion affairée des boursiers. A quatre heures, les petites dames, celles-qui ne viennent que pour se faire reconduire, les fausses curieuses pour quftoute exhibition quelle qu'elle soit, hippique, agricole et artistique, n'est qu'une raison de s'exposer soi-même, regrettant de ne pas figurer au cata logue. Rappelons, à proposdunabab qui vient d'arriver à Paris, tout ce qui a été dit sur les fortunes exagérées de ces souverains de l'Inde. Le gouvernement anglais avait an noncé l'émission d'un emprunt de cinq cents millions. Un nabab annonça qu'il était prêt à le souscrire tojjt entier et que le vice-roi n'avait qu'à venir chercher l'or, qui-ne serait remis qu'à lui-même, en personne. Ici se présenta une difficulté. Il répugnait à l'orgueil britannique de faire-.cette démarche, et d'un autre côté, on ne songea pas une seconde à renoncer à-l'aubaine. Un compromis trancha la question : il fut convenu que chacun ferait la moitié du chemin. Le vice-roi se présenta dans une dau mont à quatre chevaux et entouré de cipayes à cheval. Le nabab, dont l'escorte comptait deux mille cinq cents personnes, était assis dans un char traîné par des tigres. s Tout cela a l'air d'une fable : c'est pourtant l'exacte vérité. * On pesa l'or qui était en lingots et qu'on tira de sacs jusqu'à ce qu'il y en eût assez. Puis on emporta le reste et l'on se sépara. Au retour, le vice-roi avoua que son escorte faisait piteuse mine à côté de celle de l'Indien qui venait de prêter un demi-milliard à l'Angleterre....