Extrait du journal

« Comme Loti eût été heu reux 1 » Après la satisfaction que chacun de nous a dû ressen tir à Vannonce du pacte d'An kara', cette réflexion m'est venue à l'esprit, tant est forte l'illusion littéraire pour ceux qui en ont fait une réalité de la vie. Oui, j'ai pensé à Pierre Loti et au bel article qu'il eût écrit pour le Figaro, s'il était encore de ce monde. L'alliance turque serait devenue un poème en prose, un moment lyrique de l'Histoire ; car même lorsqu'il touchait à la politique (ce qui était rare ; et il avait bien raison), Pierre Loti gardait son pouvoir d'incanta tion. Qu'est-ce donc qui l'avait tant séduit en Turquie ? Des survi vances qui se sont peu à peu ef facées ; d'elles-mêmes d'abord ; puis sous l'impulsion d'un chef qui aura été certainement l'un des plus grands réformateurs du siècle. Le pittoresque individuel était sans doute condamné et se fût amenuisé à l'usure du temps. Celui qui Vécartait le remplaça par des forces nouvelles. Mais la Turquie conservait néanmoins bien des choses que Pierre Loti aima : ses horizons, son ciel, où l'écrivain voyait planer « le fris son des vieux souvenirs », et une part de son grand rêve... « Oh ! Stamboul l de tous les noms qui m'enchantent encore, c'est toujours celui-là le plus magique !... » Cette phrase, qui est, je crois, dans L'Exilée, Pier re Loti l'eût écrite sur Istamboul, dont les trois syllabes pro mettent toujours des brumes changeantes, des dômes e t...