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Le Figaro, 23 avril 1894

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Le Figaro
23 avril 1894


Extrait du journal

monde n'est pas trop grand. Ils peuvent vivre durant de longue? années séparés de leur famille et de leurs amis, loin de leurs intérêts. La chose n'a pas d'impor tance. Lés règlements n'ont été inventés par les bureaux, signés par les minis tres et contresignés par le Président de la République que pour mieux marquer la Réparation qui existe entré ïès= agents de toute sorte dont les noms remplissent les cadres et les privilégiés. Pour ces derniers, il n'y a pas de mou vements diplomatiques, quelque coû teux qu'ils soient, qui arrêtent; pour les autres, au contraire, il n'y a que le bon plaisir. On les envoie làbî| il y a un vide à remplir, dans l'Amérique du Sud ou dans l'Extrême Orient, sans souci de leurs services ni de leurs aptitudes, là enfin où les favorisés ne, daignent aller. Quelquefois, et comme pour accentuer le dédain de ces membres de la coterie pour un de ces hommes de devoir et de sacrifice qui, comme lé disait Gambetta, méritent si souvent la croix au même titre que nos soldats, on entend l'un d'eux plaindre « ces pauvres diables qui doivent aller si loin ». Maintenant — tout est possible, n'estil pas vrai ? dans ces temps troublés où nous vivons — si quelqu'un se permet tait d'élever la voix, de faire du vacarme (au quai d'Orsay on appelle cette façon d'agir scandale), d'interpeller au sujet, par exemple, de quelque passe-droit un peu trop téméraire, le ministre, bien stylé, jaloux de défendre les droits de son ministère, aurait immédiatement une réponse simple et facile pour cidre l'incident : « Services exceptionnels », laisserait-il tomber du haut de la tri bune. Services exceptionnels, c'est la tarte à la crème devant laquelle per sonne ne se permet jamais de regimber, d'émettre une observation. Le ministère des affaires étrangères tel qu'il est établi, c'est-à-dire tel qu'il a été reconstitué ou plutôt accommodé pendant les différents séjours de M. de Freycinet et tel qu'il a été fortifié par M. Ribot, est un superbe gâteau autour duquel sont venus s'attabler quelques hommes dont il sera intéressant de faire les portraits et dont le principal mérite consiste à se tenir les coudes. Il arrive quelquefois, bien rarement, qu'ils se voient dans la très dure nécessité — comme l'année dernière par. exemple, quand on nomma un directeur de la commerciale et des consulats en rem placement de M. Claverie — de faire de la place à quelqu'un qui n'est pas de leur milieu et dont on a quelque peine à critiquer le mérite. Ce sont alors de sourdes colères, des ironies qu'ils vont souvent déverser dans leur organe atti tré, un journal où tout le monde se sent des dispositions natives pour diriger les affaires de notre Foreign Office et où l'on considère le quai cTOraay comme une simple annexe de la rédaction. D'Orsay. — •» ' ; : :— Au Jour le Jour...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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