Extrait du journal

Un souvenir, un rapprochement au sujet des deux morts d'avant-hier. M. Léon Say, présidant en avril 1884 l'assemblée annuelle de la Société de prévoyance protestante, dit, des larmes dans la voix, aux sociétaires : « Puissent vos vieux jours être heu reux et faciles, et puissiez-vous les passer avec ces trésors, qui sont seuls des tré sors, et que la prévoyance la plus vigi lante est parfois impuissante à retenir ici-bas !... » Dix-huit mois auparavant, M. Léon Say avait perdu la dernière fille qui lui restait. Quelques années plus tard, le baron de Hirsch écrivait à un conférencier — d'un culte étranger au sien — qui, traitant le sujet des romans à clef, avait, parlé de celui où on avait cru le reconnaître : Monsieur, je tiens à vous remercier des paroles charitables que vous avez fait en tendre à mon adresse. Vous avez raison de dire que je suis plus à., plaindre qu'à envier et que si vous aviez à me qualifier vous ne m'appelleriez ni le bon riche ni le mauvais riche, mais le pauvre riche. Comme vous l'avez dit encore : Tous nos millions ne com blent pas la fosse qui s'est creusée sous nos pas et où sont descendues toutes nos joies et toutes nos espérances. Je vous remercie encore, monsieur, de votre charité, de votre pitié. ; Le baron de Hirsch venait de perdre son fils unique....