Extrait du journal
Lac noir dont la donnée est si curieuse et l'intérêt dramatique si intense. Une telle connaissance des hommes, et puisée aux sources directes, prête une singulière solidité à la conception de la vie qui fait le fond ou l'armature de ses romans. Cette conception est simple et forte. Tantôt elle ressort du récit, tantôt elle se traduit dans une réflexion ou apparaît dans un dialogue. Si l'on voulait lui donner un nomj on pourrait l'appeler le « traditionalisme ». Les trois romans principaux de M. Bordeaux l'exposent sous ses diverses faces. Le Pays natal, d'abord, montre le rôle qui revient à la terre d'origine dans les luttes humaines, et les dernières lignes de l'ouvrage en résument toute la pensée en rappelant le vieux mythe d'Antée qui, dans sa lutte avec Hercule, retrou vait sa vigueur en touchant le sol. « Les hommes sont ainsi. En revenant sur le sol natal ils reprennent les trésors du passé et la foi dans l'avenir, car ils y retrouvent l'esprit des ancêtres, et ils comprennent que toute œuvre dura ble dépasse la vie d'un homme... » La Peur de vivre montre cette même action bienfaisante accomplie par la famille, foyer des vertus et du courage nécessaires à la lutte. Dans les Roquevillard, dont le succès s'affirme .en ce moment même, le thème s'élargit : la terre et la famille ne sont plus qu'une source commune de vigueur morale, de résistance aux forces délétères et aux tentations pernicieuses, avec cette idée que les traditions, qui les soutiennent, sont quelque chose de plus immatériel et de supérieur : « Elles ne se gardent pas dans, une vieille maison ou un vieux domaine, bien que la con servation des patrimoines ait son im portance. Elles se mêlent à notre vie, à nos sentiments, pour leur donner un appui, une valeur féconde, une durée. » — Je n'ai pas besoin de souligner ici la. grandeur et la beauté de ces idées : elles sont le dernier obstacle à la désagréga-, tion de notre vieux monde. Et elles ofrent de larges assises à une œuvre litté raire: des livres prochains, sans doute, leur apporteront le concours d'un talent toujours plus mûr, d'une autorité crois sante. M. Bordeaux n'a pas cessé jusqu'à présent d'améliorer à chaque pas ses moyens de romancier et d'artiste ; il saura continuer. Un écrivain dé son âge vaut surtout par sa perfectibilité, par l'aiguillon du mieux qu'il porte en luimême., ■ , J'ai dit ce qui fait à mes yeux le haut mérite de ses romans ; il me reste à dire ce qui leur manque encore. \ Ramenés à leur thème essentiel, ils décrivent la lutte qui se poursuit dans l'âme et dans la société entre le devoir traditionnel et les passions, — le devoir étant considéré comme le principe de sécurité de la vie sociale ou morale, et les, passions. comme la force ennemie dont les caprices menacent l'équilibre des consciences individuelles et le bon ordre du monde. Or cette lutte n'est pas aussi simple qu'ils le feraient croire. Dans la réalité, le bien et le mal, si l'on me permet d'employer ces deux termes démodés, se mélangent constamment : il y a des sentiments bas qui souillent des vies irréprochables, comme il y a des sentiments nobles qui relèvent cer taines fautes, et la tâche du romancier qui veut ajouter quelque chose à la science du cœur ou à celle de la vie consiste précisément à montrer, dans leur.entière vérité, le mélange complexe de ces éléments,— qu'il serait trop com mode et qu'il est faux de séparer par une ligne tranchante. Je n'ai pas l'espace de discuter à ce point de vue les précé dents ouvrages de M. Bordeaux, mais je pourrai suffisamment m'expliquer par l'exemple des Roquevillard. Par 1'jmprudence deMmeFrasne, qu'il a enlevée à son mari et qui a cru pou voir; emporter sa dot, Maurice Roque villard se trouve dans l'affreuse situation d'être poursuivi pour abus de confiance. Déjà la plainte portée contre lui, et qu'il ignore, l'a fait condamner par contu mace. Dès qu'il l'apprend,, il abandonne sa maîtresse et vient se livrer à ses ju ges. Comme il ne veut pas l'accuser, il serait perdu sans le désintéressement de son père, qui le défend en personne et parvient à le sauver en sacrifiant la terre patrimoniale, moins précieuse que l'honneur....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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