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Le Figaro, 23 juin 1870

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Le Figaro
23 juin 1870


Extrait du journal

croyez pas, allez chez moi, je vous attendrai ; et si vous y trouvez cent francs de plus que la somme dont je vous parle, vous pouvez les jeter dans la main du premier mendiant que vous rencontrerez. — Je consens à te croire encore, malheu reux ! fit Robert. ^ Mariole prit alors le pistolet qui se trouvait sur le bureau, l'arma, et le posa sur sa tempe, froidement, sans forfanterie. —■ A présent, dit-il, prononcez, je suis prêt. Robert s'élança et lui arracha l'arme des maiDS. — Ainsi, dit-il, voilà ton excuse! Tu t'es cru un des plus misérables qui fussent sur terre! Eh b?en! écoute à ton tour. Tu étais déchu, c'est vrai. Tu étais un déclassé, ainsi que tu me le disais en un jour de décourage ment. Da l'opulence, tu étais tombé dans la misère hideuse, abjecte. Ton père ét^it mort d'un coup de couteau dans une querelle de jeu, sur le carreau d'un bouge ; ta mère était folle, et vous creviez de faim. Et vous res tiez seuls, sans famille, sans ressources, voués par la destinée au vagabondage, au bagne si tu le vaux, je te l'accorde. Est-ce bien le tableau de ta jeunesse ? L'ai-je paré de couleurs trop riantes? — Non. C'est bien l'exacte,vérité, répondit Mariole — Mais tu avais un nom, reprit Robert d'une voix stridente. Tu étais le flls d'un dissipateur et d'une folle, soit ! Mais tu étais leur enfant légitime! Tu avais un point de départ honorable, tu étais en règle avec la loi, tu étais fort, tu avais le droit de porter le front haut. Ont-ils cela, ces bâtards obscurs que le vice dégradant jette tous les jours en pâture à la misère ? Sont-ils plus misérables que tu ne l'étais? Crèvent-ils aussr de faim dans leur galetas? Oui, n'est-ce pas? Donc tu avais cela de plus qu'eux : le droit, la loi. Eh bien ! je te le dis, Edouard, tu étais né sous une bonne étoile, et les bâtards euxmêmes sont des gens heureux. Tu me considères, étonné, tu te demandes ce qu'il peut y avoir de plus malheureux que ces abandonnés de Dieu et des hommes l Eh bien ! je vais te le dire : il y a les enfants adultérins. La loi l'a bien compris quand elle a étendu sur eux une protection tellement illimitée, que la honto de leur naissance peut à peine lés atteindre et rejaillir sur eux; mais elle n'a pas tout prévu, cette loi tutélaire, et les exceptions sont là, monstrueuses, accablan tes, qui les rejettent loin de la société, loin de la famille, qui défendent à leur père de les reconnaître, à leur mère d'avouer leurorigine....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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