Extrait du journal
Il a été nécessaire de rappeler, une fois de plus, quelle est la situation réelle de l'armée allemande, puisque le ministre de la Reichswehr la présente sous d'inexactes apparences. Ce serait d'ailleurs à la diplomatie française qu'il appartiendrait de ré pliquer avec netteté. Ce qu'elle néglige de faire, la presse Indépendante peut l'accomplir. Il s'agit de renseigner le public français. Nous avons donc ex posé récemment que la petite armée allemande coû tait, en 1930, plus cher que la grande armée alle mande de 1913, et nous avons expliqué selon quel système étaient répartis les crédits budgétaires du Reich. Sur ce sujet, on peut conclure que l'Allema gne n'a pas désarmé comme elle le soutient et qu'elle s'évertue à tourner tant qu'elle peut le traité de Ver sailles. Mais supposons un instant que l'Allemagne ait satisfait strictement aux obligations qui lui sont im posées par le traité de paix. Aurait-elle le droit de dire, comme elle fait : « Nous sommes désormais autorisés à réclamer le désarmement des autres » ? Telle est la question paradoxale que l'Allemagne est arrivée à mettre dans la circulation. Elle ne l'aurait même pas formulée si elle n'avait constaté qu'elle pouvait compter sur la faiblesse et la négli gence des anciens Alliés. Elle sait parfaitement à quoi s'en tenir sur ses droits réels. Mais elle cède à la tentation que provoque la stupéfiante politique de liquidation de la guerre. Et c'est bien naturel. Ce qui ne le serait pas, ce qui serait même d'une sottise inexplicable, c'est que le public français fût victime de toutes ces arguties et tombât dans tous ces pièges. Le Pacte de la Société des nations proclame que, dans l'intérêt de la paix, l'Assemblée de Genève étudiera la réduction des armements nationaux « au minimum compatible avec la sécurité nationale et avec, l'exécution des obligations internationales im posées par une action commune ». Ce texte signifie clairement que la limitation des armements est su bordonnée au problème de la sécurité : c'est-ce que ia politique française a toujours soutenu à Genève. On sait que dans l'état présent des travaux de la commission Ja sécurité n'est pas garantie et que les grandes nations; la Grande-Bretagne en particu lier, ont montré une répugnance très nette à pren dre des engagements contre un agresseur. Le dé sarmement reste à l'étude. L'Allemagne n'a aucun droit au désarmement des autres. Elle s'est engagée à observer les clau ses militaires, aériennes et navales du traité qu'elle a signé après sa défaite. D'après le pacte de la So ciété des nations, il s'agit, pour les autres nations, de préparer une limitation générale des armements. Une mesure de cette gravité et de cette ampleur ne s'improvise pas. Elle se heurte fatalement à des dif ficultés multiples qui peuvent être surmontées avec Je temps. Personne ne peut dire comment. Personne ne peut dire quand. Mais il n'y a nul texte qui confère à l'Allemagne le privilège exorbitant de rap peler les nations à l'ordre, de les commander de se hâter, et de lés menacer, si elles n'aboutissent- pas à une solution rapide, de ne plus exécuter le traité. Et, en vérité, il faut que nous en soyons venus, à un étrange état de rêverie internationaliste pour que ces vérités aient besoin d'être rappelées. En fait, l'Allemagne, usant toujours des incroya bles facilités qu'elle trouve dans la liquidation de la guerre, s'apprête à soutenir que, l'Europe n'ayant pas désarmé, le Reich n'est plus lié par ses engage ments et qu'il s'apprête à reprendre sa liberté. Nous ne savons pas quel sera l'énergique orateur qui ré pliquera le jour où ces prétentions seraient émises. Ce que nous discernons, c'est que si cet homme d'Etat ne se trpuve pas, l'Europe commettra, en ne disant pas tout de suite non, une imprudence insen sée et que les traités eux-mêmes seront vite mis en ça use. — Intérim,...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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