Extrait du journal

Par une réforme brutale Nos édiles, ces jours derniers, Décrétaient que la capitale Serait veuve de marronniers. Les pauvres ne peuvent se -faire, Paraît-il, à notre atmosphère.. Goudron, huile, essence d'auto Leur valant des airs peu prospères, Lés beaux arbres chers à nos pères Devront disparaître bientôt. Du marronnier des Tuileries Longtemps la ville prit grand soin, Et pour voir ses grappes fleuries Les badauds accouraient de loin. Il semblait dans l'ordre des- choses Que de ses thyrses blancs et roses Il sonnât l'exil des hivers ; Et l'on fêtait à l'ordinaire Ce ponctuel'fonctionnaire Dans la prose des faits divers. Mais son activité fut brève : Le noble esclave du devoir : J Le vingt mars maintenant ' fait grève. En vain l'on essaierait de voir Cette floraison rose et blanche. L'esprit corporatif déclenche • .?? De nos jours un tel branle-bas " Qu'il s'en prend aux arbres ; et pousse Le nôtre à se tourner les pousses Si d'autres ne travaillent pas !... Je connais un petit bonhomme (Dans dix jours il aura cinq ans) Et qui trouve ce que l'on nomme Des mots d'enfants assez fréquents.-• Pour leurs fruits plus que pour leur flore Déjà ce fin gourmet déplore Que les marronniers soient passés! Il soupire : ' — La triste affaire ! Eux partis, comment và-t-on faire Pour avoir des marrons glacés ?... ' ; Hugues Deîorme....