Extrait du journal

Réné Dorval habitait depuis trois ans le premier étage de cette maison. C'était un beau garçon de vingt^cinq ans, aux cheveux noirs abondants, à l'oeil bleu et profond, dont le nez tombait droit sur une fine moustache vierge, de tout contact avec le rasoir. Son visage avait une remarquable ex pression d'énergie. Les narines mobiles, les maxillaires très développées, le men ton légèrement saillant, donnaient à «a physionomie un caractère de force peu commune et de persistante volonté. Le torse, empreint d'une vigueur qui n'excluait ni l'élégance ni la distinction, se dessinait large et robuste soup la veste de velours gris qui l'enveloppait. Les ex trémités étaient fines et soignées. Sur les murs de l'atelier, nulle , super 1 fluité coûteuse n'attirait les regards. Çà et là, quelques tableaux inachevés se con fondaient avec la couche verdâtre qui 'suppléait à la tapisserie absente. Sur une planche élevée, comme sur un champ de bataille abandonné, on apercevait une tète, un bras, une jambe, un pied, una main, dont le plâtre neigeux avait revêtu, grâce à J.a poussière qui le recouvrait, des teintes plus accusées. Quant au mobilier, il ne se composait absolument que d'une table de chêne et d'un long et large divan, garni de six coussins, et recouvert d'une étoffe rayée dont la solidité avait été déjà rudement éprouvée. Dans un coin, deux ou trois chevalets da dirsendion variée, Autant da tabourets en paille, et c'était tout. Comme on le voit, rien n'était moins luxueux que cet intérieur. Il suffisait d'y entrer pour être certain que le peintre était pauvre et n'avait pu sê procurer que le strict nécessaire. En effet; Réné Dorval débutait dans la carrière; il n'avait pas de nom, et ne par-...