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Le Figaro, 25 décembre 1837

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Le Figaro
25 décembre 1837


Extrait du journal

monte que parce qu'il est avocat) ; sur six députés du midi, il n'y a que trois orateurs ; —mais sur dix avocats, il y a dix parleurs qui se multiplient^ qui jettent les mots doubles, qui parlent par la bou che, par les gestes, par les grimaces. A la dernière séance delà chambre, un des nom breux Martin que nous devons au gouvernement représentatif (1), M. Martin (de Strasbourg), d'au tres disent du Bas-Rhin, s'est laissé aller à un flux de mots d'argot. Les avocats prêtaient l'oreille avec délices et se sentaient tout à l'aise, quand M. de Yatry a demandé que l'on parlÉÉtfrançais, attendu qu'il y a encore à la chambre quelques membres qui n'ont pas l'honneur d'être avocats et qui désire raient ne pas rester étrangers aux délibérations. Tous les Martin de la chambre se sont vivement émus, et M® Dupin, notre voisin, en a fait lui-mê me uné assez laide grimace. L'observation de M. de Vatry n'èst pas simple ment une plaisanterie spirituelle, c'est une protes tation contre l'invasion des avocats aux affaires, — attendu, oh ne saurait trop le répéter, que la parole de l'avocat 11e représente que des mots, que l'état de l'avocat est de défendre ou d'attaquer in différemment les mêmes choses selon sa position particulière ou les avantages qu'on peut lui offrir. Il n'est aucun avocat qui puisse nier cette pro position : si dans une cause où deux parties sont en présence, chacun des deux avocats se fût trouvé chargé de défendre le client dont il est l'adversaire, — l'eût-il refusé? non, et cent fois non, — et cette idée est tellement enracinée au barreau, qu'il y au rait une sorte de déshonneur (entre avocats) à re fuser une cause quelle qu'elle àoit. Une lettre récente de M. Charles Ledru, dont nous avons parlé, exprime parfaitement cette vé rité. — Dans cette lettre, l'avocat explique au client qu'il ne l'estime pas, et que pour rien, il croit sa causé mauvaise, mais que néanmoins il la plaidera à certaines conditions. Nous saluons de tous nos vœux cette première révolte contre l'avocasserie. — Le 22' décembre 1837, M. Odilon-Barrot (1) Un membre que nous ne pouvons que désapprouver les distingue ainsi, Martin (l'ours), Martin (l'âne), Martin bâton....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
  • barrot
  • cornélius népos
  • odilon-barrot
  • cesar birotteau
  • de balzac
  • de vatry
  • dupin
  • paris
  • strasbourg