Extrait du journal

Ah ! mon cher Figaro, qu'avez-vous.fait? vous m'a vez rendu la tâche impossible; c'est fini, j'y renonce. J'aurais pu me glisser k la placejle ces messieurs ; leurs ombres, galantes pour une femme, eussent voilé mon insuffisance ; je serais venue humblement les pleurer, et le. public eût oubltë qui j'étais pour les pleurer avec moi. J'avais déjà pris les notes d'une oraison funèbre, et je me serais peut-être, a force de timidité, fait par donner ma hardiesse; mais voilà que vous avez pris une grosse caisse, vous éclairez à giorno et vous me dites : Venez vite, madame, amis et ennemis sont prêts. Si vous êtes bossue, si vous êtes mal faite, si vous avez le pied-bot, tout le moçde va.le savoir; les lorgnettes ou", braquées, les télescopes ouverts ; les gens raisonnables et défiants vont vous démonter pièce par pièce pour sa voir si vous êtes solide, les jeunes gens mettront leur morceau de cristal dans l'œil pour vous toiser impertincmment, et les enfants vous casseront pour savoir ce qu'il y a dedans! Comment voulez-vous, bon Dieu, que j'ose parler? J'ai assemblé mon conseil de famille. La comtesse, m'a dit froidement : «—Vous devez obéir à votre mari, Suzanne, mais une fois k Paris, n'allez pas médire de vos amis.» — Oh! madame,conimevous;m'a vez affligée! Bazile m'a glissé a l'oreille : « — Vous calomnierez un 'peu, n'est-ce pas? » — Allons donc, Bazile, calomnier, c'est bjn pour toi. Chérubin, — Cherubino di amore, —m'a dit de sa voix douce et grêle : a — Ne parlez pas mal des femmes, Suzon; mais tapez sur les hommes, tapez ferme, les plus vides et les plus creux seront ceux qui rendront le plus d& son. » Fanchette l'innocente, tout ébahie, s'est écriée : — Mon Dieu, Suzanne, Figaro vous appelle pour son...