Extrait du journal
va de Villiers à Gambetta.La circulation a "dû être interrompue entre-la.station de Villiers et celle de Réaumur-Séba-s topol. A onze heures, les gares ont été fermées, et aux voyageurs étonnés les employés répondaient invariablement : — Les trains ne marchent plus. L'eau a envahi la gare. Nous sommes descendus sur le quai. Lentement, sournoisement, l'eau sur git, de terre, entre, les rails de la voie, comme si, tout à coup, une multitude de petites sources s'étaient fait un chemin dans le sol. L'eau, une eau jaunâtre et bourbeuse, s'étale, court sans bruit, et envahit.sûre ment la gare. Les ingénieurs sont là, impuissants. — C'est le Nord-Sud qui nous , vaut cela, nous dit l'un d'eux. Le tunnel passe sous lagare Saint-Lazare et la pression doit être formidable pour que l'eau ait réussi à s'infiltrer et à jaillir. Nous avons dû interrompre la circulation de Villiers à Réaumur-Sébastopol. L'eau monte toujours. Par malchance, un tuyau degout a crevé rue du Havre et, on ne sait comment, l'eau tombe des voûtés de la station sur le quai. Ainsi lagare est prise entre deux eaux : celle qui. tombe du plafond et celle qui surgit du sol. Les ingénieurs ne cachent pas leur in quiétude. D'autant qu'il est à peu près impossible de trouver une pompe. Avant que la nuit se soit écoulée, on pense que l'eau aura monté de près d'un mètre. D'autre part, lacirculation est toujours interrompue sur les lignes 3 et 6. Et, en outre, les trains de la ligne n° 4 effec tuent la traversée de la Seine avide. Les .voyageurs sont invités à parcourir à pied ïe trajet de la place du Chàtelet à l'Odéon. C'est le manque de courant qui a rendu cette mesure nécessaire. En effet, l'usine de la Râpée ne fonctionnant plus par suite de l'inondation, on ménage l'éner gie électrique que fournit l'usine de Saint-Denis. Les tramways de l'Est-Parisien n'ont pas repris leur service. Pareillement les tramways nogentais sont arrêtés. Visite de M. Milierand Le ministre des travaux publics a tenu à se rendre compte par lui-même des ravages causés par l'inondation. 11 est allé tout d'abord à la gare Saint-Michel, où il est descendu. Et puis, il a voulu visiter le quai de la Râpée. Mais on ne' marche plus sur le quai de la Râpée. Le ministre a dû prendre place dans un bapîibt&ue conduisaient des agents de la brigade fluviale. Et il s'est ainsi rendu à l'entrepôt de Bercy. La Seine commence à passer par-dessus la porte de fer. Qu elle monte encore, et l'entrepôt sera inondé. M. Milierand, étant revenu rue de Bercy, a retrouvé son automobile, qui l'a emmené, par les quais de la rive droite, jusqu'à Passy. Sur le quai du Louvre, il s'est arrêté pour examiner le mur que, l'on construit pour arrêter les eaux, car la Seine atteint la hauteur du quai. On ne sait si cette construction suffira à empêcher l'envahissement de lachaussée. Quai de Passy, il ne s'agit plus de rien construire. L'eau a passé. L'automobile du ministre roule dans une mare pro fonde. 11 traverse la Seine au pont de Passy et revient par le quai. d'Orsay. De là, il se rend à la gare de La Bour donnais. La voie est recouverte par l'eau. Mais là n'est point le danger. Le mur qui sépare de la Seine la tranchée est battu par l'eau qui monte jusqu'à l'entablement. Si elle dépasse, le mur s'écroulera comme s'écroulera celui du quai Saint Bernard. Les ingénieurs euxmêmes l'annoncent. Pour terminer, M. Milierand est allé à la gare des Invalides. Les pompes fonctionnent,.mais elles n'épuisent que mètres cubes à l'heure, au lieu de 2,000. — Si la Seine monte encore, dit au ministre le directeur de la section élec trique, il n'y aura plus rien à faire, nous serons inondés. On a annoncé à M. Milierand que le Grand-Morin a subi une crue d'un mè tre, qui entraînera une crue de la Seine de 40 centimètres. Et le ministre déclare aux journa listes ; Jusqu'à présent, il n'y a rien d'irréparable: les dégâts sont considérables, des familles sont dans une situation difficile; mais nous pouvons y pourvoir. Si la Seine monte encore, si la crue du Qrand-Morin qu'on m/annonce ne se borne pas à compenser la baisse de l'Yonne, mais apporte un nouveau contingent, nous pou vons avoir un désastre à déplorer. C'est i'enValiissement de la gare des Invalides, l'é croulement possible des murs du quai d'Or say , l'inondation de quartiers populeux. Aussi je Veux espérer encore que le maxi mum de la crue sera atteint ce soir. Quoi qu'il en soit, pour le présent, mais pour le présent seulement, les mesures prises me paraissent suffisantes. Malheureusement, le mauvais temps continue. Les ponts • On a demandé au directeur général de la navigation si la solidité des ponts était menacée par la crue. Il a répondu que jusqu'à présent il n'y avait rien à craindre. Il y aurait danger si un grand chaland emporté par le courant venait se -placer en travers d'une arche. Car alors le fleuve exerce rait sur cet obstacle une énorme pres sion qui se répercuterait sur les deux piliers du milieu. Et le pont pourrait s'écrouler. Toute la journée d'hier, le bruit a couru qu'on ferait sauter le pont de l'Aima. Aussi, vers la fin de l'après-midi, les curieux étaient-ils nombreux qui, aban donnant les autres ponts de Paris, vin rent'se masser aux alentours de celui dont on croyait la vie menacée. M. Murât, officier de paix, dut organiser un important service d'ordre afin d'éviter les stationnements. La circulatiûji' ne fut...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - vitry
- lebeault
- gambetta
- murât
- gutenberg
- lagrange
- gaston calmette
- enghien
- jâubert
- jean de paris
- la seine
- paris
- orsay
- choisy
- passy
- orléans
- villiers
- quiberon
- douarnenez
- versailles
- drouot
- cour de cassation
- grand palais
- agence havas
- union postale
- académie des sciences