Extrait du journal

sionnément... Un jour, un journaliste haïtien fut reçu par Victor.Hugo. Le Maître immense prononça ces mots : « Dites à votre pays que je l'aime! > Ainsi parlait Hugo, sa manière étant emphatique. Il prenait volontiers pour interlocuteurs des idées abstraites, Dieu ou des peuples. Mais M. Massillon Coicou n'a point d'ironie : sa gratitude est toute simple et vraie. . ' ' ' Il voudrait que la France, comme son poète excessif, aimât l'île sœur et la comprît. Du reste, il ne demande pas d'indulgence. S'il est triste et si ses pensées apparaissent toutes pleines de mélancolie, ce n'est point qu'il se sente humilié du' souvenir de la trop lon gue servitude : il sait l'héroïsme de sa race, il en revendique la juste- fierté. Mais il porte en lui l'inquiétude de l'apostolat diffi cile. Pourquoi les cœurs ne se fondent-ils pas? Pourquoi résistent-ils à la douceur d'aimer? Pourquoi les hommes demeurent-ils si étran gers les uns aux autres ? Pourquoi les blancs méconnaissent-ils l'intelligence et la bonté des noirs ? En dépit de la libération, des droits de l'homme reconnus et des nobles idées qui se répandent, pourquoi le préjugé subsiste-t-il, qui écarte les noirs comme des frères inférieurs? Grégoire, Hugo, Michelet ont dit ce qu'il fallait dire, et l'éloignement n'est pas supprimé ? Ah ! quelle parole éloquente fera ce que n'a pas fait l'initiative des génies?... •Et M. Massillon Coicou, sans désespérer, poursuit son œuvre apostolique, incertain du résultat, sûr seulement de son zèle, ému de tendresse et de bonne ferveur... Rémi....