Extrait du journal
Bourgeons et Sèves Dans un éntremêlement de rayons et de bourrasques, le printemps vient a peine de déclore ses paupières. C'est un enfant que tourmente l'inquiétude du réveil et qui s'agite sur la couche où il a trop longtemps sommeillé. Savons-nous l'admirer ? Hélas ! prisonniers des cités et des pierres, nous connaissons mal son charme ; prisonniers des livres et de la per verse mélancolie que nous ont inoculée les écri vains romantiques, nous trouvons une para doxale tristesse jusque dans le spectacle du renouveau. Le remède ? Fuir. Pour quelques jours. A quelques lieues. Jusqu'en une vallée simple et sobre de la Touraine ou de ï'ïlè-de-France. Fuir; regarder; respirer. Jouir de la période éphémère des bourgeons et des sèves, intermé diaire entre l'heure de l'engourdissement et celle de la transfiguration. Les bourgeons, quel plaisir d'observer leur diversité capricieuse ! Il en est de longs et d'aigus, comme des épingles à têtes noires, à pointes blanches ; de larges et de plats, qui figurent assez bien de minuscules corbeilles où des fleurs 'mousseraient. Certains surgissent de la branche comme des flèches ; d'autres la trouent de leurs vrilles ; d'autres, épanouis, ressemblent a des. houppettes cotonneuses ou, de loin, aux flammes immobiles des torches héraldiques. Tous témoignent de l'insidieuse poussée des sèves. Il s'élève de celles-ci des effluves qui remplissent l'air d'une électricité mystérieuse et de parfums subtils: Ici, les brises sentent le sucre ; là*, la gomme ou la résine ; plus loin elles sent amères, âcres, lourdes ; elles entêtent et elles grisent. Légère ivresse, et bienfaisante. Les poètes anciens savaient la goûter. Comme dit Catulle, « leur âme aussitôt bondissait devant eux, avide d'aventures ». Pareillement, nos ancêtres du moyen âge, après des mois d'ensevelissement aux maisons biscornues, s'enchantaient, -dès avril, à retrouver, dans leurs vergers des fau bourgs, l'herbe fleurissante et à surprendre les modulations des oiseaux dans les arbres. Ron sard avait-il l'âme plus compliquée lorsqu'il conviait ses belles amies à voir Rajeunir la terre et l'onde, Où lui semble que le jour Et l'amour Comme enfants naissent au inonde ?... Pourquoi ne point retrouver cette âme sim ple et pure qui ne raffinait guère sur le re nouveau et goûtait sans amertume la joie de se renouveler avec lui ? Oublions le roman tisme ; pendant quelques jours au moins, par la sérénité de notre cœur et l'ingénuité de nos désirs., consentons à collaborer au printemps i Maurice Levaillant....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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