Extrait du journal

II était une fois un petit Chaperon-Rouge qui voulait aller à Paris.— Depuis les contes de Perrault, chacun sait que les chaperons rouges sont de singuliers petits êtres sans raison, ni cervelle, ni esprit de conduite, ni quoi que ce soit de sé-" rieux; qui aiment par-dessus tout les fleurs, les papillons, les chemins de traverse, et qui n'ont pas d'opinions politiques... — Et alors, comme j'avais l'honneur de vous le dire, ce petit Chaperon-Rouge voulait aller à Paris. Pensez que sa famille fit tout au monde pour le détourner d'un projet pareil ; mais le drôle ne voulut rien entendre et, de guerre lasse, ses gens le laissèrent aller. Son père lui dit : « Soyez sérieux ! » sa mère lui dit : « Ne sois pas malade I » Sur quoi, le petit ChaperonRouge partit d'un pied léger, emportant pour tout bagage sa galette et son pot de beurre dans le fond d'un méchant pa nier. Les premiers jours que le Chaperon-Rouge passa dans Paris furent des jours de liesse et de bombance. Bon fils, bon prince et bon vivant, il sut en un rien de temps s'entourer d'un tas de petits amis qui voulurent bien l'aider à croquer sa galette. Tant que la galette dura, tout alla pour le mieux ; mais quand cette coquine de galette fut à sa fin et le pot de beurre aussi, le Chaperon-Rouge, n'ayant plus de quoi manger, se trouva dans un embarras fort grand. Quelques braves gens, auxquels...