Extrait du journal

Mélancolie des feuilles à terre... Il faut aller au Bois pour goûter ce spectacle désolé des choses qui s'attardent' avant de - retourner à la -poussière originelle. II.faut y ?ller en automne, en été, au -printemps, à une de ces saisons où l'on peut s'asseoir dans l'herbe sans risquer un de 'ces rhumes qui durent sept ans et un carême. Car ce n'est pas seulement les feuilles des arbres qui jonchent les allées ou les boque teaux de Boulogne, mais des feuilles de jour nal, des papiers d'emballage, des tickets im payés du pari mtutuel. Un explorateur pressé, comme ils le sont tous, qui, par ces jours d'octobre où le vent'dénude les branches, par courrait cette campagne semée de faits-divers, de petites annonces et d'en-têtes - de boulan geries viennoises, en . conclurait que l'arbreà-papier est la seule végétation du bols de Boulogne. Sans doute on ne peut pas demander aux gens qui ont été manger en plein air de s'in gérer aussi ce qui enveloppait leur déjeuner; on ne peut pas exiger des parieurs malheureux qu'ils rapportent à leur épouse les tickets d'Assuérus ou de Cyclone; on ne peut deman der à aucun lecteur de journal qu'il conserve pieusement une littérature qui est périmée en deux heures. Mais on peut suggérer au conser vateur du Bois, ou à la Ville de Paris, ou à celle de Boulogne, ou à tous réunis, de mettre des corbeilles pour recueillir les papiers sans emploi. Un Parisien à qui je signalais cet état d'abandon où l'on laisse le Bois me disait qu'il avait retrouvé avec plaisir, au retour des vacances, ces pelouses fleuries en toutes sai sons, sauf en hiver, des nouvelles de la veille. C'est à cet air négligé qu'il avait reconnu l'air natal. Mais ce point de vue est égoïste. Il faut penser aussi qu'il y a des Français qui n'ont pas le loisir d'aller hors de France se saturer de propreté et prendre en grippe les pays trop bien ratissés, les paysages dont en peut com promettre l'harmonie rien qu'en y jetant un noyau de cerise. Ceux-là souhaitent sans doute qu'on ne laisse pas le plus beau parc d'Europe devenir la plus vaste corbeille à papiers du monde. Nous ne demandons pas qu'il n'y ait plus du tout, de vieux papiers dans le Bois. On est sûr que c'est impossible et on n'est pas sûr que ce sera.it joli. Nous demandons seulement qu'il y en ait moins, ou bien qu'on n'y aban donne plus, que : les vieux billets de loterie ou de courses, les anciennes lettres, enfin tout ce qui s'accommode-d'être détaché des choses et des gens. James de Coquet. . Pas de stabilisation immédiate de la livre et du dollar...