Extrait du journal

Tout renchérit ; et tout s'enchaîne ; Se ruiner est notre lot : Nous n'aurons, la saison prochaine, Du bœuf qu'à vingt francs le kilo, Et, cet hiver, les plates-côtes, ■ Les palerons, les aloyaux Atteindront des cotes plus hautes tirâce à cent trafics déloyaux. En outre, la peste bovine Va s'abattre sur les troupeaux. Par cet aperçu l'on devine L'approche de coquets impôts. Seul, le vrai riche s'accommode De dépenser pour ses repas Le périmé bœuf à la mode Dont jadis il ne voulait pas. Les ragoûts les plus contestables Demain sembleront de bon ton ' lit les fins gourmets sur leurs tables Accueilleront le miroton. Déjà depuis nombre d'années, Du progrès (?) observant les lois, Nul ne fait dans ses cheminées Chanter les joyeux feux de bois ; • Les choses vont de telle sorte Que logiquement, peu à peu, La flamme du foyer est morte, lit voilà le pot-au-feu... feu!... Il faudra, si l'on n'y prend garde, Biffer des plus humbles menus Ce vieux bouillon qui nous regarde Avec de bons yeux ingénus... Non. La chimie alimentaire Va nous sortir de l'embarras : Paris (ce n'est plus un mystère) Possède huit millions de rats. Or un savant rempli de verve, Usant d'un procédé tout neuf, Soit en frigo, soit en conserve, Va faire, avec du rat, du bœuf. v Hugues Delorme....