Extrait du journal
Je voudrais ajouter quelques mots à l'excellent article de M. Marcel Prévost sur le divorce (Figaro du 7 décembre). Cet article est criant de vérité. 11 n'y manque que la conclusion. M. Marcel Prévost a pensé sans doute qu'il conve nait qu'elle fût formulée par une femme, en quoi il a eu raison. C'est notre des tinée qui se joue en ce moment sous nos yeux. Nous avons lè droit et le de voir de donner notre avis. M. Marcel Prévost nous rapporte qu'aux Etats-Unis, « on se préoccupe des périls que fait courir à la famille l'ex trême facilité, le nombre croissant des divorces ». Mieux vaut tard que jamais. La famille est déjà bien malade aux Etats-Unis; mais les Américains sont un peuple énergique. Nous pouvons être tranquilles pour eux; ils s'en tireront. Le jour où ils auront acquis la certitude que les inconvénients du divorce l'em portent sur ses avantages, ils le suppri meront, sans se soucier une minute des « droits de l'individu », car si jamais peuple s'en est moqué, c'est celui-là. Leur exemple ne doit nous inquiéter qu'à un point de vue purement égoïste. La société américaine nous, montre ce que produit à là longue l'institution du divroee. Sàchoris àvôir des yeux pour voir; -' et profitons de la leçon. ' La première idée à se mettre dans la tête, c'est, qu'il est impossible d'empê cher le divorce de devenir de plus en plus facile. Dès l'instant qu'il existe, la force-des choses l'emporte sur les textes de loi les plus précis. Regardez autour de vous; en France, comment cela se passe, et avec quelle régularité la porte de sortie du mariage va toujours s'ouvrant un peu plus. La loi de 1876 n'accorde le divorce que dans certains cas déterminés. Lorsque ces cas n'existent pas, les époux désireux de se tirer leur révérence les créent ou les simulent, et'le tour est joué. On est arrivé ainsi à rendre absolument illu soire le reste de prudence qui avait em pêché d'inscrire dans la loi le divorce «par consentement mutuel. M. Emile Faguet a pu écrire en toute vérité, il y a quelques semaines : «Lesneuf dixièmes des divorces prononcés annuellement sont des divorces par consentement mu tuel déguisé. » M. Faguetajoutait : « Or, je suis pour la franchise, et l'hypocrisie de la loi ne me plaît pas beaucoup. Met tons dans la loi de 1876 ce qui y est sans qu'elle en convienne. Mettons dans la loi le divorce par consentement mu tuel. » , Ces lignes sont bien instructives. M. Emile Faguet est l'un des esprits les plus pénétrants que je connaisse, et il glisse néanmoins, lui. aussi, très certainement sans le voir, sur la pente qui nous mène grand train à la démolition du mariage et de la famille. Il caresse la chimère de fixer la porte de sortie à un cran définitif, 'tout en constatant que le divorce, est un élément « d'anarchie morale » d'une telle puissance, que « ce fut une des causes de la chute de la République française », la première République, la grande. La pourriture morale était ' devenue" trop nauséabonde ; le pays en eut un haut-lecœur et secoua tout. ' , On peut dire, dans le même sens, que le divorce travaille en ce moment à la .chute de la troisième République. Il a sa part dans l'abaissement général de la moralité, et il n'a • pas encore produit tous ses effets, puisqu'il est destiné à de venir encore plus facile. Après le divorce .par consentement mutuel, le jeu des in térêts individuels amènera fatalement le divorce par consentement d'un seul (il en est déjà question), et le mariage sera alors si proche voisin de l'union libre, que ce ne sera presque plus la peine de passer par la mairie. En dehors même du peuple, où les ménages irréguliers ne se comptent plus, bon nombre de gens, dont on ne se doute pas dans notre lanterne magique pari sienne, en sont déjà arrivées à cette conclusion et suppriment les cérémonies officielles. — A quoi bon? me disait dernièrement une gentille jeune femme que le monde croyait mariée dans les règles. Pour que les juges et les avocats viennent mettrele nez dans nos affaires quand nous ne nous aimerons plus? Non, non; nousnous séparerons sans bruit. Je lui demandai si elle avait des enfants. — Une fille. —Que deviendra-t-elle quand vous vous quitterez? — Nous réglerons les choses au mieux de ses intérêts. Tout se passera de bonne amitié, puisqu'il, n'y aura pas lutte. Il ne me sembla pas aussi sûr que cela que le « décollage » se passerait en dou...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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