Extrait du journal
Président; et voici les fleurs dont on jonche le chemin foulé par les monstres; Ecoutez comme elles chantent clair,léger et insouciant, ces trompettes minces des dragons. Bravo, les escadrons, jolis, avee les yeux éclatants de vos chevaux exci tés, avec vos petites flammes roses dan sant aux pointes de vos. lances comme dès Ïeiïx follets d'espoir; avec voire frêlè étendard neuf battant jeune ses trois couleurs. Ceux-là, monsieur le Prési dent, vous ont poussé aussi leur vivat plus strident et ils vous ont dit: «Tu vois, malgré nos dolmans trempés et nos mille étoiles de boue, nous sommes en core la beauté, la joliesse, la coquetterie, Nous voulons fleurir ton dernier regard; comme nous fleurissons de. rose et de blano tout le pourtour de ta voiture. # Et maintenant, monsieur le Président, vous voilà retombé dans les papiers blancs et dans les habits noirs. A ceux qui ont l'honneur de vos confidences vous avez dit sans doute vos impressions de l'autre jour, ces troupes belles, fortes, superbes, et que l'armée française, en dépit de la paix, ne déchoit pas, parce que vraiment Je peuple français est le premier des peuples guerriers. Eh bien, vous vous êtes trompé. — Une femme est poitrinaire, clouée sur son fauteuil ; son teint est triste, ses joues caves, sa. beauté perdue. La porte s'ouvre : quoi ! c'est son amant qui lui revient, l'amour de sa vie, le tout de sa pensée... Voyez : elle est belle. Toute sa beauté a repassé d'un coup dans ses traits, comme tout son amour lui a sauté dans le cœur. Et cependant cette femme est malade, très malade : c'est une lueur. — En France, l'armée est poitrinaire, parce que tout le monde s'applique à l'empoisonner. On dit -r- et on le dit d'avance — qu'elle a vécu. Vous savez l'œuvre, 'vous la voyez comme tous : elle se fait sôus vos yeux. Oh I on lui jette l'argent qu'elle demande à cette pauvre armée, comme si l'argent c'était la santé. Mais on la déprécie, on la sape, on la hache sur toutes ses mar ges, on ruine son esprit. On veut que ses chefs soient des dos souples et non pas des têtes fortes; on veut que l'officier soit un fin au lieu d'être une intelligence franche et brave. Le travail donne son fruit et l'armée est malade. Elle a besoin qu'on la relève dans son aspect, dans la valeur de ses chefs, dans l'esprit de ses troupes, dans l'opinion qu'en a la nation. C'est tout cela aussi que vous ont muettement clamé l'autre jour les baïonnettes d'infanterie, les lourdes pièces d'artille rie, les lances hardies des dragons. Et si tout cela vous a fait si richement fête, c'est que l'armée a voulu vous émouvoir, vous prendre. Elle a voulu que vous pensiez désormais à elle,. et que vous l'aimiez. -Est-ce que d'ailleurs* en toute justice, vous ne lui devez pas cela, vous qu'elle a si ardemment salué avant-hier, de toute son âme, comme le Seul, l'homme suprême, le représentant de la Déesse-Patrie, l'étendard de ses éten dards? , Un Dragon. : 1 1 ; ' 1. .V...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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