Extrait du journal
ÉMISSION soudaine du cabinet Chautemps ; annexion brutale de l'Autriche ; formation laborieuse du gouvernement Blum ; polémiques autour de l'Union nationale ; événements d'Espagne ; recours ouvert à l'inflation ; réapparition du drapeau rouge sur les usines occupées : devant ce bilan du mois, qui donc se souvient qu'il y a quatre semaines, le Parlement votait et l'Officiel promulguait le premier texte d'un statut du travail qui devait ranimer la production et restaurer la paix sociale, ? Qui.? Dans, une Europe bouleversée et frémissante, tout le inpi^le. voit qu'un,, des, moyens d'éviter Je pire, ejest de donner saïis retard aux armées françaises, gardiennes de la paix, les moyens matériels indispensables à leur mis sion ; tout le monde sent que le sort de la France et, peut-être de la civilisation, se joue dans les usines d'ar mement autant que dans les chancelleries. Comme vient de le dire M. Neville Chamberlain, à quoi servent les paroles, si l'on n'est pas capable de les faire suivre d'actes ? t C'est l'heure que choisissent de soi-disant porteparole de la classe ouvrière pour poser leurs conditions ; ainsi reparle-t-on de l'échelle mobile, qui fut le pivot des discussions parlementaires il y a un mois. Qn aurait pu croire la question réglée : la loi du 4 mars 1938 prévoit, en effet, une adaptation périodique des salaires aux indices des prix. Puisque l'affaire revient sur le tapis, il n'est pas trop tard pour en parler. . * Sur le principe même de cette adaptation, les-catho liques sont d'accord. On a pu caractériser l'ordre économique chrétien en disant qu'il repose sur la notion du « juste salaire » — c'est-à-dire d'une rétribution humaine, au sens large du mot, du travail. Léon XIII a précisé que ce juste salaire doit permettre au travailleur non seulement de vivre, mais d'élever dignement sa famille, et même d'épargner. Il va de soi que ces conditions ne peuvent être réali sées qu'autant qu'il existe entre le salaire et le coût de l'existence un rapport sensiblement constant. Et Léon XIII, en avance de cinquante ans sur le Par lement français, ne craint pas d'affirmer que c'est aux organisations professionnelles qu'il appartient de fixer le taux de ce juste salaire. Il est donc légitime qu'un statut du travail aborde ce problème et s'efforce de le résoudre. La f loi du 4 mars 1938, fruit de si laborieuses déli bérations, l'a-t-elle résolu ? » Un nouveau texte, plus explicite, le résoudrait-il ? Il faudrait une forte dose d'optimisme pour l'affir mer. ' -k 4r + Ce qui caractérise la situation actuelle c'est, malgré le stimulant artificiel et massif des fabrications de guerre, un ralentissement progressif de la production et une augmentation corrélative du nombre des chômeurs. L'ardeur même des débats est significative : on réclame impérieusement l'échelle mobile parce qu'on est convaincu que le prix de la vie va continuer à monter : s'il était stable, l'échelle mobile n'aurait aucun intérêt ; et s'il baissait, elle jouerait dans le sens d'une diminution des salaires. Mais un très grand nombre de Français — des travailleurs eux aussi : agriculteurs, artisans, commer çants, etc. — ne bénéficieront pas de la révision périodi que de leurs salaires, de leurs gains ou de leurs revenus : devant une montée des prix, ils n'auront d'autre ressource que de restreindre encore leur consommation. Dans ces conditions, on peut craindre qu'en dépit d'ajustements semestriels, ou même plus fréquents, l'équi libre salaires-coût de l'existence ne soit jamais réalisé, et que s'accélère l'allure de la ronde infernale où la dépré ciation de la monnaie constitue le seul contrepoids à la hausse des salaires courant après les prix. (Suite page 3, colonne 1 et 2)...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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