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Le Figaro, 27 octobre 1922

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Le Figaro
27 octobre 1922


Extrait du journal

AU JOUR LE JOUR Tristesse de Marius « l'Exposition coloniale do Mar seille fermera «ri* novembre. » (Journaux) Tel autrefois son homonyme Pleurant Carthage à son déclin, Marius, qu'un beau zèle anime, A la rêverie est enclin ; L'exubérant fils de Marseille Dans le genre sombre s'essaye Et, me prenant pour confident : « — Celle dont la beauté m'enivre Dans un mois cessera de vivre ! Elle est robuste, cependant!.. » Croyant qu'il s'agit d'une belle, Je le console de mon mieux; Mais gentiment il me rappelle Aux réalités ; -- « Mille dieux. Peu me "chaut l'idylle banale! L'Exposition Coloniale Me perturbe !.. Elle est en péril! Se peut-il que ce joli rêve Vers la fin novembre s'achève ? Il m'enchante depuis avril!.. « Ce ne sont point là galégeades. Je voudrais voir longtemps encor Les bronzes, les laques, les jades Du somptueux Palais d'Angkor ; Contempler la double féerie De l'Annam et de l'Algérie ; , Les Maures au visage bleu, EtJes ressources infinies De nos prospères colonies... Mais tout ça va finir, parbleu!.. » — « Cesse de soupirer, lui dis-je, Et sois content, bon Marius ; Puisque (cela tient du prodige) lei, contrairement aux us ■ Des Expositions, la caisse Est pleine... Tu demandes : — « Qu'est-ce Qui survivra?.. » — Mais le palais Où ta douce et claire Provence. Dit son histoire dès l'enfance... Ça vaut bien les Sénégalais. « Là, tableaux, meubles et faïences Pour le ravissement des yeux Révèlent les nobles vaillances Et l'art subtil de tes aïeux. . Tu dois entrer comme en un temple Dans cet as(fa où l'on contemple Les fruits du génie ancestral ; Où brille l'entente bénie Du lyrisme et de l'ironie ; - Où Daumier sourit à Mistral! » Et l'enfant de la Cannebière, De son dauchemar délivré, Ecrase un pleur sous sa paupière En murmurant ; « C'est ma foi, vrai!.. » Bien que de tempérament sobre. Sous le dément soleil d'octobre Par quoi les soucis sont guéris. Dans le vieux port aux flots sans rides, flous dégustâmes deux bourrides Pour fêter Marseille et Paris. Hugues Delorme. ' Marseille, 19 octobre....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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