Extrait du journal

J'ai rencontré hier ce personnage un peu falot, un peu douloureux, héroï-comique. Il m'apparut aux alentours de l'Opéra, où l'on peut le voir, paraît-il, chaque jour, vers les cinq heures de l'après-midi. Avez-vous songé parfois quelle étonnante laideur réalise l'uniforme dont les institutions libres affublent leurs répétiteurs ! Cette ample redingote noire qui enveloppe le corps sans en laisser deviner la ligne, ces manches trop longues qui tombent trop loin sur la main pour permettre l'hypothèse de poignets, ce pantalon noir qui offre tous les plis sauf le pli; ces revers étriqués, ce col minuscule, il semble, en vérité, que tout en ait été étudié et combiné savamment pour reculer les li mites du grotesque dans le costume masculin. Cela n'a pas la tenue d'un vêtement et ça n'a pas le flottant d'une robe.. C'est propre et la mentable. Neuf ou vieux, cela semble .toujours porter ie deuil de la jeunesse, de lajoie et de la liberté. L'ombre du « Pety>Chose » me contredira-t-elle ? J'ai toujours vu dans ce costume la livrée d'un paria. Mon homme était habillé comme le répéti teur d'une institution libre, à ceci près qu'un feutre plat de clergyman remplaçait sur son chef le traditionnel tube aux reflets éteints. -Avec cette différence encore que pour comble de ridicule, tout au long ■ de son affreux...