Extrait du journal

Un auteur dramatique, homme d'esprit, de goût et de savoir (c'est de l'indiscrétion 1 c'est comme si je l'avais nommé !) m'affirmait un jour qu'il y avait des comédiens, — parmi les bons, parmi les excellents, — qui étaient morts sans avoir jamais lu autre chose que leur rôle, dans les pièces où ils venaient re cueillir les bravos d'un « public idolâtre. » Et cette assertion de sa part ne me semble, à moi, ni un paradoxe, ni une épigramme. Un comédien a tant à faire ! jouer, répéter, courir chez son directeur pour se plaindre des auteurs, aller sonner chez les auteurs pour y dauber son directeur, dire du mal, beau coup de mal de ses petits camarades : avec tant d'occupations sur les bras, où le comédien le plus laborieux prendrait-il le temps, — comme disait Arnal, — de lire « ses classiques? »...