Extrait du journal

Le succès du golf ne s'est jamais ralenti. Il est presque de toutes les saisons, mais c'est surtout maintenant, après la grande semaine des courses, que les terrains aménagés, les prairies ondulées vont se fleurir de « pull over » de toutes nuances et s'animer du geste qui projette au loin les balles dures et légères. Le nombre des joueurs s'est à ce point multi plié que les cercles de gol£ les plus élégants doivent imposer un stage aux candidats. Trop envahis, ils ne permettraient à chacun de jouer qu'à de longs intervalles, et, déjà, il faut s'ins crire, surtout pour le dimanche. Ce jour-là, des équipes s'organisent ; chaque parcours se fait à deux. Le golf, ceux qui n'y jouent point sont par fois tentés de le décrier. Ne manque-tril pas d'animation, si on le compare aux joutes vives du tennis ? On part souvent accompagne d'un seul « caddy », et pendant quelques kilomètres on s'applique à 'faire passer la balle d'un trou à un autre en le moins de coups, possiblq., Les difficultés sont nombreuses. Ce sont des mon ticules,, des haies, des ravins. De plus, presque tout est une faute. Le joueur, au départ, Serre son « club » comme une arme de victoire. Par fois, il a moins de fierté au retour. Le golf répond à des désirs d'activité à la fois et de détente. Il offre de larges espaces, un verdoyant asile cûntre la poussière des autos. De beaux horizons l'encadrent. On respire, et les arbres qui s'élèvent çà et là versent l'ombre et l'apaisement. Aux rayons du cou chant, quel charmant groupe sur ce « green » ? Il se détache sur le cristal du soir. Cette jeune femme apparaît sur une hauteur, dans le vent frais. Quel mouvement d'épaules ! Quelle immo bilité après le coup ! Le caddy a vu la balle. On se remet en marche. Les visages sont graves. Lorsqu'on est deux, il y a peu de conversation. Le flirt même est silencieux. Il est fait du partage des mêmes émotions, de furtives et discrètes admirations. On échange des réflexions techniques. On est content ou mécontent de soi. Si le sérieux dis paraissait des affaires de ce monde, et il y a souvent tendance, il se réfugierait dans les jeux. On ne se laisse pas distraire. L'esprit se repos, ainsi vraiment de ses soucis quotidiens. Ce repos, une simple rêverie dans les, champs ne vous le donnerait pas, car la rêverie vous conduit on ne sait où et, parfois, à de tristes rivages. Il faut compter aussi parmi les plaisirs du golf celui de porter les vêtements appropriés, les souples et claires étoffes anglaises pour les hommes, les tricots en harmonie avec les couleurs de leurs chèveux et de leurs visages, pour les femmes. Puis, tel béret, telle chéchia ne vont bien que là. La diversité est plus grande qu'au tennis, par exemple. Enfin, ou comprend qu'une des premières préoccupations dans le choix d'une villégiature soit de savoir si un golf est dans le voisinage. Ainsi la fatigue des initiatives constamment renouvelées, pour le plaisir vous sera épargnée. La règle même et l'habitude vous sauveront de l'ennui. Et l'on aura la satisfaction, dans ce jeu salubre et décoratif, d'acquérir de l'adresse et de la santé. Georges de Lauris....