Extrait du journal

jure plus : il .se résigne, il se tait. En quoi.il diflère de M. Thiers qui a juré et tempêté, qui a été en colère jusqu'à la mort. ' **# Un air sombre, une méfiance muette, méfiance de lui-même et des autres, a succédé, chez le Maréchal, aux manifes tations antérieures. Forcé d'éloigner la plupart de ceux qui lui tenaient au cœur, forcé de congédier tous ces fonction naires auxquels il avait promis publique ment son appui, il ne donne aux nou veaux venus et n'en exige que le strict nécessaire ; JL est poli, on'est déférent, et c'est tout. Il se renferme dans sa mai son militaire, où il retrouve çà et là quel que bon souvenir d'autrefois. De temps en temps, lorsqu'il va par hasard à Ver sailles, il s'arrange pour passer, devant ce grand bâtiment mélancolique, presque caché dans une petite rue déserte, où, le soir du 24 mai 1873, l'Assemblée natio nale, représentée par les principaux dé putés conservateurs j vint, en cérémonie, lui offrir le souverain pouvoir.- , Il se rappelle sans doute, avec plus de regret que de plaisir,- comment l'insis tance persuasive de M. Buffet lui arracha presque de force le consentement qu'il hésitait à donner. Et alors sa méfiance ïedouble. Quelqu'un qui l'a approché.dé fort près m'a aifirmé qu'elle était chez lui instinctive, et que ceux qui le con naissent de longue date la considèrent comme le fond même de son caractère#. Elle a échappé à beaucoup de gens pleins de finesse, qui, pour n'en avoir pas tenu compte, se sont exposés à de cruelles déceptions. M. Jules Simon, entre autres, a été bien puni de s'y être trompé. A force de compliments, il se figurait avoir effacé l'épée de Sedan, et il croyait tenir le Maréchal. La chose a mal tourné ; il paraît (je répète que le renseignement: me vient d'un témoin oculaire, d'un ob servateur intime) que l'on peut tromper le Maréchal ; mais on ne le trompe que momentanément, et la flatterie n'y suffit pas. Il se méfie toujours, et on ne le tient jamais. "J'ai cru ce détail bon à noter dans une circonstance où rien de ce qui se rap porte au Maréchal et à la détermination au Maréchal ne saurait être indifférent. Je ne perds point de vue,que mon objet principal est d'apprécier les intentions qu'on prête au chef de l'Etat, et de four nir quelques indications concluantes sur cette démission hypothétique dont tous les journaux sont remplis. Dans ce but, j'ai dû mettre en relief quelques traits; de cette physionomie un peu fuyante et énigmatique ; j'ai dû aussi insister sûr la disposition d'esprit toute particulière dans laquelle se trouve actuellement le Maréchal. J'ai montré la bonne volonté du président de la République ; j'aiénuinéré tous les sacrifices quil a faits. On pourrait en inférer qu'il restera coûte que coûte, et qu'il ira jusqu'au bout. Ce serait une grave erreur. Le pari est tou jours ouvert. Je dirai la prochaine fois quels sont les sacrifices que le Maréchal ne fera pas. . ' - 3 Mystère....