Extrait du journal

Derniers échos du bal des Tuileries. On a beaucoup remarqué ce détail : L'empereur, en uniforme de général de di vision, portait sur ,sa poitrine, entre autres insignes, une épée en or, longue d'environ six centimètres, et ornée, à, la poignée, de deux microscopiques diamants. Cette épée en miniature, qui se porté la pointe en haut, représente les insignes d:un nouvel ordre de chevalerie, créé par le roi de Suède actuel. Cette décoration est exclu sivement destinée aux souverains qui ont gagné des batailles où ils commandaient en personne: Louis XIV, que Sa Grandeur attachait au rivage, n'aurait pas obtenu Vépée de Suède. M. Maurice Richard avait eu le temps de faire achever son costume de ministre. —• Eh ! mon cher, lui dit une Altesse, cela vous sied à ravir ! — Je ne savais pas, a-t-il répondu, qu'on fût si à l'aise... là dedans ! Un danseur a retrouvé, le matin, accro ché à la garde de son épée, un chignon fauve. Il vient de le déposer dans nos bureaux où la dame qui 4'a perdu pourrà vènir le ré clamer. ■ *v On a remarqué beaucoup une Américaine dont les épaules opulentes supportaient une tète fort expressive, mais proportionnelle ment trop petite. Sa tète fait l'effet d'une pomme en haut du Mont-Blanc, a dit un chambellan ami des figures,. M. Ranghabé revient à Paris. En a-t-on assez parlé de cet Athénien !... Alcibiade doit en être jaloux dans les Champs-Elysées. Une dame, l'an dernier, l'appelait M. Rengalnabé ! Le tort des gens de partis est de juger de l'ensemble d'après les détails seulement. Ainsi, par exemple, j'écris dans une feuille radicale, comme onappelle cela. Je fais ma tournée dans Paris, je rencontre un curé qui va au chemin de fer, un militaire qui a bu un petit coup de trop, une comtesse avec des gants rouges et un bourgeois qui entre pré cipitamment au passage de l'Opéra. Rentré chez moi, j'écris avec émotion : « Le clergé a compris qu'il n'avait plus rien à faire en France et s'expatrie, on grise l'armée, la noblesse prend les couleurs du peuple et la bourgeoisie a la colique !» Je jure qu'on ne procède pas autrement aujourd'hui....