Extrait du journal
J'avoue sincèrement qu'une émotion singulière nous envahit durant ce pieux pèlerinage. Cette pensée que Dieu s'était servi d'un instrument si chétif et si char mant à la fois, pour terrasser les forts et humilier les puissants, nous remplit d'admiration et de terreur. Dans la chambrette où la douce fille avait passé tant d'heures recueillies, des visions aussi traversèrent notre cerveau : je re vis la guerrière dans la mêlé^répandant son sang pour son roi, tour à tour humiliée et triomphante, prisonnière enfin, calomniée, torturée, expiant sur le bûcher anglais « son violent amour pour la France.» A cet instant me revirfrent à la mémoire ces lignes superbes du phi losophe Michelet: « J'entrai un jour chez un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup fait et beau coup souffert. Il tenait à la main un livre qu'il venait de fermer et semblait plongé dans un rêve ; je vis, non sans surprise, que ses yeux étaient pleins de larmes. Puis, revenant à lui-même : « Elle est » donc morte, dit-il. — Qui? — La pau» vre Jeanne d'Arc. » » Telle est la force de cette histoire, telle sa tyrannie sur le cœur, sa puis sance pour arracher les lariRes ! Bien dite ou mal contée, que le lecteur soit jeune ou vieux, qu'il soit tant qu'il vou dra affermi par l'expérience, endurci par la vie, elle le fera pleurer. Hommes, n'en rougissez pas, et ne vous cachez pas d'être hommes ! Ici, la cause est belle. Nul deuil récent, nul événement personnel n'a droit d'émouvoir davan tage un bon et digne cœur. » Dans l'un des deux pavillons construits en 1820, àl'entréedu jardin, estinstallé ce qu'on appelle le musée de Jeanne d'Arc ; ce sont deux pièces dans lesquelles on a accumulé tableaux, gravures, médail lons et statuettes relatifs à la Pucelle. Je n'ai du reste remarqué aucune œuvre d'art importante. Une bibliothèque ren ferme tous les ouvrages écrits sur Jeanne d'Arc depuis l'œuvre de M. Wallon jus qu'au récit dramatique de Michelet. Elle est confiée, croyons-nous, aux soins du vénérable pasteur de Domremy, l'abbé Bourgaut, qui a écrit sous le titre de Guide etsouvenir du pèlerin à Domrémy, une intéressante brochure pleine de faits et dans laquelle nous avons puisé la plupart des détails que nous venons de donner. ;...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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